Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts
    Académie d’Alsace   des Sciences, Lettres et Arts  

La Pharmacie du Bon Dieu : à la découverte des plantes d’Alsace et des Vosges

 

 

Par Robert Anton et Christian Busser

 

 

 Nous voici, vagabondant au détour des chemins, et vous, vous remémorant le doux souvenir de moments heureux, alors que vous étiez alors éblouis. Que d’émotions et de sensations viendront s’épanouir à nouveau en vous…et comme il est bon de retrouver le goût simple du rare et du merveilleux !
L’éveil d’un souvenir, sorte de madeleine de Proust en somme, réveillera votre mémoire, pétillante, avec une sorte d’excitation émotionnelle qui fera surgir soudain la réminiscence d’un souvenir de jadis, chargé d’émotions…

 


1. Quelques plantes à ne voir que pour les admirer…
Elles sont parmi les plus toxiques qui ont pu servir souvent de têtes de séries pour donner des idées de modèles moléculaires aux chimistes, qui ont soit reproduit par synthèse ces substances naturelles, soit amélioré les structures au bénéfice de la santé, pour diminuer certains effets secondaires, ou pour améliorer leur biodisponibilité ...
Ouvrons donc nos yeux mais en se rappelant la devise de Mérimée  « Souviens-toi de te méfier » !
En altitude, vous découvrirez l’aconit : Aconitum napellus L. (Renonculaceae), (Giftkrüt, Teifelswurzel), la plante la plus toxique de notre flore, formant çà et là quelques colonies isolées, nichées au creux de rochers humides par exemple dans la descente de falaise menant au lac des truites sur les hauteurs d’Orbey.

 

Cette fleur mortelle, avec son casque bleu roi, voire violet, domicile du bourdon venant butiner sa corolle, fut jadis utilisée comme poison par Médée, magicienne dans la mythologie grecque. On l’appelle aussi le « casque de Minerve » et sa racine est en forme de navet, d’où son nom. C’est l’un des principaux poisons de flèches de chasse voire de guerre d’autrefois. Son principe actif, l’aconitine, diester diterpénique, est létal à la dose de 3 à 5mg en raison de sa cardiotoxicité (interaction avec les canaux sodiques), engendrant des arythmies, des picotements de la langue, une paresthésie et une faiblesse musculaire. Autrefois cette plante était utilisée dans les douleurs du trijumeau, les toux d’irritation, mais ses préparations n’étant pas stables, leur efficacité diminue rapidement, en milieu liquide, plus de 500 fois, par hydrolyse des esters, qui constituent ses vecteurs biologiques. De plus la marge entre l’intérêt thérapeutique et sa dose toxique est très étroite.
Certaines espèces voisines ont des fleurs jaunes notamment l’Aconit « Tue-Loup » A. vulparia Rchb. dénommée ainsi en raison de sa toxicité.
 


Un rideau, voire une averse de lumière au sein de coupes forestières, feront apparaître une plante des Vosges qui vous va droit au cœur, sorte de majestueux orgueil de chez nous : il s’agit de la digitale : Digitalis purpurea L., (Plantaginaceae ou Scrophulariaceae), Fingerhüet, ou digitale pourprée des Vosges.

 Bisannuelle, elle apparait dans les clairières siliceuses, modestement, la première année, arborant une rosette de feuilles basales, pubescentes gaufrées. Puis la seconde année, sa hampe florale portera une longue grappe de fleurs unilatérales, pourpres,  en doigt de gant, dont la gorge est  tavelée d’éphélides noires ou blanches. Elle est fréquente dans tout le massif vosgien, sur terrain gréseux autour du Mont Sainte Odile, à partir d’une petite altitude et jusque sur les pentes du ballon d’alsace ; elle est parfois visible en plaine, dans la forêt de Haguenau ou dans la basse vallée de la Thur près de Bollwiller. Sa réputation date de W. Withering en 1785 qui l’utilisa dans le traitement des stases veineuse (« hydropisie ») et les œdèmes.

Son pouvoir cardiotonique a expliqué a posteriori ces propriétés diurétiques et Nativelle, un pharmacien français découvrit en 1868 l’un de ses principes actifs, la digitaline. En réalité, c’est une série complexe de stéroïdes cardiotoniques uniques sous forme d’hétérosides (liés à des sucres qui augmentent leur solubilité), possédant un cycle lactonique latéral insaturé particulier. Leur biodisponibilité est accrue par d’autres saponosides (digitonosides) présents qui les solubilisent et accroissent l’absorption intestinale. Il s’agit de cardiotoniques majeurs qui furent les premiers à être mis sur le marché. Parmi toutes ces molécules, on retiendra la digoxine, utile dans les troubles de l’insuffisance cardiaque et supra-ventriculaires. L’intoxication se traduit par des nausées, des troubles neurologiques avec apathie, confusion mentale et perturbations visuelles et avec une coloration jaune de la vision…ne rapporte-t-on pas que Van Gogh a peint tant de tableaux avec une dominance de jaune (les tournesols…), car il prenait de la digitaline ?
Actuellement certains médicaments de synthèse sont davantage utilisés malgré ces digitaliques naturels qui eurent leur heure de gloire ! Ne vous laissez pas aller à vouloir faire des infusions, car chaque année des accidents mortels sont hélas décrits, notamment lorsque la hampe florale de seconde année n’est pas visible et que la rosette de feuilles basales de première année peut être confondue avec des feuilles de bouillon blanc inoffensives.

 

 

Sous l’ombrelle des feuillages, bien au frais et colonisant certaines hêtraies, en ce mois de mai, juste à temps pour offrir le symbole du bonheur, le muguet, Convallaria majalis ou encore « Lys de mai de la vallée » ou « larmes de la Vierge », Maiegloeckle  (Asparagaceae), exhale son délicat parfum que les chimistes n’arrivent pas reproduire exactement, malgré les moyens les plus modernes !


Si celui-ci vous séduira en expirant ses intimes secrets, c’est aussi une autre plante cardiotonique, car elle « ralentit, régularise et renforce » les battements cardiaques, avec ses clochettes blanches, premier sourire aux dents d’ivoire du printemps. Comme la digitale, des cardiotoniques voisins (convalloside, convallatoxine…) sont présents, mais heureusement moins bien biodisponibles, d’où une plus faible accumulation et une toxicité moindre. Néanmoins ne portez pas ces fleurs à la bouche car l’élégance de ces brins peut être dangereuse et bien que les intoxications graves soient exceptionnelles, il faut être vigilant.
Les feuilles de l’ail des ours qui poussent dans les mêmes lieux peuvent être confondues avec celles de muguet, ce qui peut être tragique.

 

 

Les feuilles vert sombre, découpées et les fleurs verdâtres ou blanches de l’hellébore, Helleborus niger  L , (Ranunculaceae), et dont les graines servaient à soigner la folie au temps de Molière : « Ma commère, il faut vous purger/ Avec quatre grains d’éllébore » (La Fontaine-fables)  est un purgatif drastique, mais aussi un cardiotonique accumulant des hétérosides du type bufadiénolides, des substances toxiques proches de celles de la scille et qui sont curieusement aussi élaborées dans les glandes externes des épidermes des crapauds. Quelle curiosité de la nature ! On gardera cette fleur  néanmoins comme plante décorative au moment de Noël !

 

 

Selon la chanson bien connue qui signe la fin de l’été, voici qu’apparait la floraison du colchique, Colchicum autumnale L., (« lis vert, Dame nue » …), (Liliaceae), en allemand Fülefüte; Herbstzeitlose en alsacien. Originaire de la Colchide d’Asie Mineure, il fut longtemps considéré comme toxique et ce n’est qu’au début du XIXème siècle que Want découvrit que c’était un puissant anti-arthritique, bien que l’on rapporte aussi qu’il fut utilisé dans l’empire byzantin dès le Vème siècle dans le traitement de la goutte. Laborde et Houdé en 1884 parvinrent à en cristalliser le principe actif, la colchicine (pas facile car c’est une base faible, l’atome d’azote ne faisant pas partie d’un cycle !), un alcaloïde isoquinoléique.


Curieusement, cette fleur, rose violacée, possède un ovaire qui reste au niveau du bulbe et qui ne sort de terre que l’année suivante pour donner une capsule triloculaire avec des graines, soit quasiment le temps d’une gestation humaine ! Ses  étamines, ne doivent pas être confondues avec celles d’autres Liliaceae, comme le safran, Crocus sativus L., (Iridaceae ou Liliaceae), car c’est un poison violent. En effet la plante entière et notamment ses bulbes et ses graines biosynthétisent une vingtaine d’alcaloïdes originaux à structures tricycliques, dont une tropolone à atome d’azote extracyclique. Cette torsion spatiale due à sa non coplanéité, est indispensable à l’établissement d’une liaison avec la tubuline, ce qui inhibe la formation des microtubules, conditionnant ainsi une activité antimitotique au niveau de la métaphase.

La colchicine est employée comme antirhumatismal, signant aussi le diagnostic de l’accès aigu de goutte, inhibant la sécrétion de médiateurs endogènes au niveau des leucocytes et dans les arthrites microcristallines. En général votre médecin vous prescrira des doses de l’ordre de 3 mg le premier jour, 2 mg le second et 1mg le troisième, car la dose létale est de l’ordre de 10 mg.  Cette fleur à cycle biologique inversé nous interpelle. Alors qu’elle n’a aucune odeur, les chevaux qui paissent tranquillement dans ces prés n’y touchent pas ! On peut se demander quelle information détiennent-ils pour éveiller ainsi leur prudence !

 

 

Plus rarement, vous rencontrerez certaines plantes de la famille des Solanaceae dans les clairières voire les décombres, qui agissent sur le système nerveux autonome avec des symptômes qui peuvent atteindre le système nerveux central, si la dose dépassée est toxique. Il s’agit de la belladone: Atropa belladonna L. ou « morelle furieuse » ou Tolkirsche en alsacien (la cerise qui rend fou) possédant une corolle campanulée brun-violacé et un fruit qui est une baie globuleuse d’un noir brillant de la taille d’une cerise.

La dénomination « Atropa » rappelle sa toxicité car elle était l’une des trois Parques qui coupait le fil de la vie et « belladonna » indique que les belles italiennes s’instillaient du jus de la tige dans leurs yeux, c’est-à-dire de l’atropine, un alcaloïde tropanique, parasympatholytique, inhibiteur des récepteurs muscariniques des organes périphériques, pour leur donner un air de séductrice, faussement ingénue. Ses propriétés pharmacologiques et thérapeutiques sont nombreuses : dilatation des pupilles : mydriase passive découverte par Van Swieten en 1770, diminution de toutes les sécrétions (salivaire, sudorale, bronchique, lacrymale…), diminution du péristaltisme intestinal… En effet, la belladone agit sur le système nerveux autonome et possède de multiples impacts sur la santé. Une dizaine de ces baies noires, luisantes, peut tuer un enfant, ce qui est d’autant plus redoutable que l’amertume de la pulpe est peu intense et n’éveille guère le doute.
Dans ce cas, une tachycardie apparait, avec des hallucinations visuelles et auditives, des convulsions, ou alors de l’incoordination motrice qui induit des danses inconsidérées.

 

 

De la même famille botanique, le datura ou stramoine, ou Stechapfel en alsacien, est présent de manière irrégulière dans les terrains vagues jusqu’à 500 m (Datura stramonium L.) ; ilpossède une capsule tétraloculaire.

 

 

 

La jusquiame noire (Hyoscyamus niger L.) appelée Schlafkrüt en alsacien, pousse sur les vieux murs et son
fruit est une capsule biloculaire s’ouvrant par un couvercle pour laisser échapper les graines.


Nous la rencontrerons dans les terrains vagues près des villages et jusqu’aux métairies des hautes Vosges. Autrement dit, voici trois Solanaceae avec trois fruits différents. Les principes actifs sont très voisins et l’efficacité symptomatologique la même. Notons enfin que le modèle de l’atropine a servi de modèle moléculaire pour synthétiser de très nombreux « atropiniques », médicaments utilisés en thérapeutique. Ces substances sont aussi utilisées en pré-anesthésie comme anti-sécrétoires. Les sorcières du Moyen-Âge en enduisaient leur manche à balai qu’elles chevauchaient pour les faire accéder à des visions fantastiques car nous connaissons bien la biodisponibilité transcutanée de la scopolamine, utilisée d’ailleurs comme « patch » contre le mal des transports…

 

 

Attention aussi à cette belle Apiaceae (autrefois dénommé Ombellifères) au port hiératique, la ciguë, Conium maculatum L. qui se mêle au persil et à la carotte sauvages qui apparait avec sa haute tige dans les talus et fossés, par exemple le long de l’Ill à Erstein mais qui est plus fréquente dans le Haut Rhin. On reconnait cette grande plante en raison de la présence de macules rougeâtres sur sa tige. Voici le poison mortel qui emporta Socrate.


Dans le fruit mûr s’accumulent des alcaloïdes pipéridiniques comme la coniine, qui bloquent la transmission nerveuse au niveau des ganglions et de la jonction neuro-musculaire, d’où une paralysie progressive qui débute par les pieds et atteignant le diaphragme entrainera la mort par asphyxie. Cette toxicité préserve une intelligence intacte jusqu’au dernier moment ce qui permit à Platon de rapporter le dialogue et cette mort « en direct » dans le Théétète.
Rappelons enfin qu’à la limite « toutes les substances sont des poisons, seule la dose permet de distinguer un poison d’un médicament » (P.A. Theophrastus  Bombastus von Hohenheim dit Paracelse 1493- 1541).
Mais revenons flâner au gré d’autres rencontres spontanées.

 


2. Sur les sommets vosgiens.


Nous voici, « robinsonnant » au milieu des herbes rases, et où les clochettes éclatantes de quelques campanules esseulées apparaissent, battues par les vents, dont aucune propriété majeure n’a encore été découverte, sinon de nous enchanter par leur frêle corolle d’un doux bleu pastel…

 

Plus intéressants sont les capitules solitaires, jaune orangé à fleurons ligulés de l’arnica : Arnica montana L. (Asteraceae), (Arnika, Angelkrüt, Niiessblüem, Ringwurzel), connu sous l’appellation de « tabac des Vosges » en raison de ses propriétés sternutatoires.

Sa présence a lieu à partir de 900 à 1000 m d’altitude, par exemple sur le massif du Markstein ; sa récolte est soumise à autorisation comme bien d’autres plantes rares citées dans cet article et dans le Livre rouge des espèces menacées d’Alsace comme la gentiane jaune que nous verrons sous peu.  Au XIIème siècle, Sainte Hildegarde l’avait élevé au rang de « plante médicinale » revendiquant des vertus proches de celles du quinquina. Mais rien de tel n’a été prouvé scientifiquement. Chimiquement, en dehors de caroténoïdes qui lui confèrent sa chaude couleur, l’amertume provient d’esters de lactones sesquiterpéniques (hélénaline…) et de bien d’autres substances (triterpènes…) On lui attribue des propriétés anti-inflammatoires qui sont utilisées traditionnellement par voie externe (teinture...). Il s’agit de ce qui la fit dénommer la « Panacée des chutes », utile contre les hématomes (inhibition de l’agrégation plaquettaire notamment), les entorses, les meurtrissures. Néanmoins l’arnica est toxique par voie orale et peut être allergisant.  


Mais voici la majestueuse gentiane jaune, droite et fière, pour laquelle d’aucuns pensent que sa taille annonce la hauteur de neige de l’hiver suivant : Gentiana lutea L. galer Enzian (Gentianaceae).

Cette grande gentiane jaune, originaire d’Illyrie et dénommée en l’honneur du roi Gentius, est protégée pour éviter une récolte intempestive.
Les principes de sa racine dure et cassante, avec des xanthones jaunes, anti-oxydantes sont considérés comme les plus amers que l’on connaisse : ce sont des séco-iridoïdes (gentiopicroside…) et parmi eux, l’amertume de l’amarogentioside est encore perceptible à la dilution de 1/56 millionième ! Par comparaison, l’étalon de quinine dilué au centième, n’est décelable qu’à la dose de 200 000 unités ! C’est donc un véritable chef d’orchestre des amers dont la longue amertume en bouche constitue un point d’orgue et qui fit le bonheur des apéritifs, augmentant aussi les sécrétions gastriques d’où cette sensation de faim ! Signalons que toutes les Gentianaceae sont amères, même la séduisante petite gentiane bleue, ou la petite centaurée, Centaurium erythraea Rafn, spontanée dans les clairières…


La gentiane jaune ne doit pas ne pas confondre avec le Vérâtre qui est mortel Veratrum album L. (Melianthaceae), qui pousse aussi dans les régions montagneuses de l’Europe, souvent côte à côte avec la gentiane.

Mais alors que la gentiane jaune possède des feuilles embrassantes au sommet de la tige, le vérâtre possède des feuilles alternes, engainantes, à nervures parallèles. Les fleurs ont un périanthe blanchâtre. Mais la confusion peut se faire lorsque la plante est encore petite, sans fleurs. Les racines chevelues du vérâtre contiennent des esters complexes, les protovératrines (vératramine…), fortement hypotensives car augmentant le tonus parasympathique et stimulant les barorécepteurs du sinus carotidien et qui peuvent plonger rapidement dans le coma. C’est ce qui est arrivé à de jeunes campeurs alsaciens, voulant survivre plusieurs jours à la belle étoile, en consommant seulement les plantes locales. Voulant récolter des racines de gentiane qu’ils mirent à macérer dans du schnaps et malheureusement  faisant la confusion, ils se retrouvèrent en réanimation à l’hôpital de Colmar, sauf un qui n’était pas adepte de ce type de breuvage et qui donna heureusement l’alerte.
Nous avons eu au laboratoire (RA) l’expertise à réaliser sur l’origine de l’espèce botanique. Rien n’était plus facile. Alors que l’expertise chimique aurait demandé beaucoup de temps, eu égard au manque de témoins chimiques comparatifs que l’on ne trouve évidemment que difficilement dans le commerce, l’examen sous microscope de la racine donnait la réponse en quelques minutes. Les racines de grande gentiane ne possèdent pas d’amidon, ce qui est d’ailleurs très rare pour des organes souterrains. Par contre la simple addition d’iode mettait en évidence cet amidon coloré en bleu foncé dans les racines de Vérâtre. De plus la disposition des faisceaux libéro-ligneux était caractéristique d’une monocotylédone pour le vérâtre, disposition complètement différente chez la gentiane. Le diagnostic était dès lors évident. Un grand groupe pharmaceutique dut d’ailleurs renoncer à utiliser les principes actifs du vérâtre, car la marge thérapeutique et toxique est trop étroite et de plus la croissance de la plante est très lente.


 
On ne peut pas ne pas observer la célèbre pensée des Vosges, apparaissant sur les chaumes du Haut Rhin à plus de 900 mètres, Viola lutea Huds., (Violaceae), en allemand : Stiefmütterchen, Ackerveilchen, et en alsacien : Dreifàltigkeitle, Stiefmietterle. Si l’on veut lui trouver quelqu’intérêt, on remarquera quelques dérivés salicylés qui ne lui confèrent que de modestes propriétés anti-inflammatoires et adoucissantes grâce à de petites quantités de mucilages.

Sur les hautes chaumes acides et siliceuses, ce sont de petits sous-arbrisseaux aux fruits globuleux bleus, à mésocarpe charnu, avec à leurs sommets des restes du style et du calice et que de nombreux adeptes des produits naturels récoltent pour les bonnes tartes de chez nous : les myrtilles, Vaccinium myrtillus L., (Ericaceae), Heidelbeeren…en allemand. Ses fruits riches en anthocyanes ont des propriétés vasoprotectrices et anti-œdémateuses par effet inhibiteur sur la phosphodiestérase de l’AMP cyclique, inhibant aussi l’agrégation plaquettaire. On retiendra aussi les effets par voie orale sur les troubles vasculaires, ceux de la vision mésopique et scotopique, sur l’insuffisance veineuse (jambes lourdes, hémorroïdes, pétéchies…), mais aussi sur les ecchymoses.

Autrefois, l’on préconisait de faire attention à la cueillette, car les renards atteints d’échinococcose multiloculaire risquent de souiller par les selles les belles baies bleu nuit de ces myrtilliers, contaminant ainsi les braves récolteurs, alors qu’elles pourraient être utiles à ceux dont la vision crépusculaire en ont besoin pour régénérer leur pourpre rétinien. On rapporte que durant la dernière guerre mondiale, les aviateurs anglais de la RAF consommaient des tartes à la myrtille avant d’aller bombarder de nuit les installations ennemies.

 

 

Plus tard, au mois de novembre, les chaumes deviendront   couleur améthyste : des bruyères et des callunes, Calluna vulgaris (L.) Hull. (Ericaceae), Heidekraut, formeront des tapis violacés, dont les décoctions contiennent de l’arbutine, un dérivé hydroquinonique antibactérien et utilisé contre les infections urinaires légères.

Dans les tourbières près du lac des truites sur les hauteurs d’Orbey, baissez-vous pour observer la plante carnivore par excellence, protégée dont la cuillette est interdite, Drosera rotundifolia L. (Droseraceae), avec son limbe recouvert de longs poils rouges à tête visqueuse, sécrétant un liquide riche en enzymes protéolytiques capables de digérer les insectes qui s’y risqueraient, un pouvoir magique en somme pour se nourrir de protéines animales !

Alors que l’hiver ne touche pas encore à sa fin, au cœur de l’austérité hiémale, dans les cirques glaciaires des Vosges, balayés par les frimas, vous apercevrez le perce-neige Galanthus nivalis L (Amaryllidaceae). Une jolie petite fleur, modeste, avec ses clochettes blanches, mais qui l’eût cru ? Son alcaloïde, la galanthamine a été l’un des espoirs de guérison des symptômes de la maladie d’Alzheimer ou du moins du ralentissement de son évolution. Son mode d’action est connu : c’est un inhibiteur compétitif et réversible de l’acétylcholinestérase, modulateur allostérique des récepteurs nicotiniques au niveau du cerveau, ce qui a pour conséquence des effets centraux ou périphériques améliorant, d’après certaines études cliniques les fonctions cognitives chez les malades atteints de cette redoutable maladie, d’où leur meilleure insertion dans la vie quotidienne. Des expérimentations récentes paraissent avoir démenti, hélas, ces merveilleuses propriétés cliniques.

 

 

Plus loin vous reconnaitrez facilement le genêt à balai (on faisait des balais avec ses tiges), Sarothamnus scoparius (L.) W.D.J.Koch. ou Cytisus scoparius (L.) Link, (Fabaceae), Ginschter, car c’est un arbuste silicole avec des rameaux dressés munis de fleurs dont le style jaune est enroulé en « cor de chasse ».

C’était autrefois l’emblème des souverains anglais (1154-1485) et Geoffroy II, comte d’Anjou fleurissait son casque avec cette corolle éblouie d’or. L’ensemble de ses organes, notamment les gousses et les graines biosynthétisent un alcaloïde principal, la spartéine, considérée maintenant comme toxique. On ne l’emploie guère, mais autrefois elle servait de ganglioplégique, bloquant l’influx nerveux au niveau des ganglions avec des effets sur le rythme cardiaque en soustrayant le myocarde d’une excitabilité importante. Cet alcaloïde est également légèrement ocytocique, augmentant le tonus et les contractions utérines chez la femme enceinte.

 


Et puis contournant de petites cascades d’où jaillissent des eaux vives d’une ineffable pureté, apparaissent la grande mer des sapinières, dont les fines aiguilles fournissent une huile essentielle odorante, renfermant une série de carbures et d’oxydes monoterpéniques qui se résinifient avec le temps et à l’air. Autrefois l’on fabriquait dans les Vosges la térébenthine du même nom et on utilisait les bourgeons de pin sylvestre et ceux de sapin dans le traitement symptomatique de la toux et des affections bronchiques aiguës bénignes et qui stimulent l’élimination des toxines et des miasmes délétères. Qui n’a pas sucé des pastilles en contenant ?

 


3. Quelques plantes des sous-bois


« Promenons-nous dans les bois » mais qu’y trouverez-vous dans ces endroits frais et feuillus ?
A la Wantzenau, au nord de Strasbourg, l’ail des ours : Allium ursinum L. (Amaryllidaceae), (Märzeziewele) forme des colonies à feuilles linéaires et ombelles de petites fleurs blanches.

 

L’ail, cette « rose puante » dénommée ainsi par les Grecs, qui interdisait à celui qui en avait consommé l’entrée dans les temples, mais qui préservait autrefois grâce à la composition de la « thériaque du pauvre » de Galien, contre la peste et le choléra et les vers intestinaux…fut bien utile. Depuis, l’ail a fait son chemin depuis l’art culinaire jusqu’aux maints bénéfices reconnus sur la santé ! Ses substances odorantes soufrées, spécifiques, ne se développent que si l’on broie ses caïeux. Le constituant principal est l’aliine, un sulfoxyde de cystéine, inodore, présent dans toutes les parties de la plante et notamment dans le bulbe. Par contact avec d’autres cellules adjacentes contenant de l’alliinase, une enzyme spécifique, décompose l’alliine en allicine qui s’oxyde en disulfure d’allyle d’odeur caractéristique. Les propriétés de l’ail sont multiples : limitons nous à rappeler qu’une baisse de la cholestérolémie, de la tension artérielle peuvent être observées. On notera aussi une activité anticoagulante, antibactérienne, antifongique, antioxydante. Son effet protecteur vis-à-vis du cancer gastrique et colorectal est discuté. Mais quelle noble destinée pour une plante si modeste…

 

 

Dans ces mêmes lieux ombragés, baignés de mystère, à proximité, ce sera la ficaire Ficaria verna Huds, (Renonculaceae), à feuilles cordées et luisantes ou « fausse renoncule » avec ses fleurs jaunes éclatant d’or brillant. Son nom provient de « ficus », car ses tubercules turgides sont en forme de figue, renflés comme des hémorroïdes, d’où sa référence à la théorie de la signature.

Ainsi, la nature aurait mise à notre disposition des signes morphologiques pour nous orienter et nous souvenir de son pouvoir thérapeutique…Et la science lui a donné raison puisque les saponosides triterpéniques originaux, dérivent de l’hédéragénine, une substance que l’on retrouve dans le lierre, qui avec ses bras amoureux étreint les vieux murs poudreux. Ce sont des antiinflammatoires et des extraits ont été utilisés en pommade et suppositoires pour calmer localement les douleurs hémorroïdaires. Néanmoins attention car c’est une plante qui peut être toxique par voie orale !

 


A quelques pas de là, l’anémone des bois ou Sylvie, Anemone nemorosa L. (Renonculaceae), présente ses gracieuses petites têtes aux corolles blanches voire roses, aux pâleurs transparentes, tremblant sous le vent d’où son nom.

Imaginez-vous que la légende raconte que Zéphyr s’éprit d’une nymphe dénommée Anémone, au fort parfum mais que Flore, jalouse, métamorphosa en fleur en lui ôtant sa fragrance pour ne pas que Zéphyr la retrouve. Aujourd’hui, cette anémone ne s’épanouit, dit-on que si le vent souffle. Certains bétails peuvent être intoxiqués avec des œdèmes du museau, de la dyspnée et des convulsions, car elle est considérée comme toxique.
Sous l’ombrage des haies, se cache la petite pervenche à corolle bleu-ciel en tube, Vinca minor L. (Apocynaceae), (bergère, pucelage, violette des morts…) en allemand : Sinngrün, Immergrün, qui au gré du vent, s’habille de feuilles mortes tombées de-ci de-là. Ce fut la fleur préférée de J.J. Rousseau rencontrée lorsqu’il se promenait avec Madame de Warens aux Charmettes, puis reprise dans « Sylvie » par Gérard de Nerval.

Elle fut conseillée à sa fille par Madame de Sévigné contre les migraines, bien que l’usage populaire en faisait un anti-laiteux, un astringent et un antidiarrhéique. La découverte de l’un de ses principes, la vincamine, un alcaloïde indolique, notamment grâce à l’époque aux travaux de l’équipe de J. Le Men de Reims, a fait l’objet de médicaments dans l’insuffisance vasculaire cérébrale en augmentant le débit circulatoire notamment au niveau des coronaires et les troubles de la sénescence, en augmentant la consommation en oxygène au niveau des cellules neuronales en état d’hypoxie. Mais ne conseillons pas l’infusion car une série d’autres alcaloïdes, qui eux sont toxiques, sont présents dans les feuilles.

 

Cette pervenche de nos régions ne doit pas être confondue avec la pervenche tropicale dite de Madagascar, Catharanthus roseus (L.) G. Don, (Apocynaceae), sous-arbrisseau ligneux, avec des fleurs décoratives à corolle rose et dont les feuilles ont donné à la thérapeutique au moins deux anticancéreux majeurs : la vinblastine et la vincristine, isolées en 1961.

Les structures moléculaires sont complètement différentes et plus complexes : ce sont des alcaloïdes dimères indolo-monoterpéniques, très difficiles à resynthétiser. Leurs propriétés furent découvertes par G. H. Svoboda en 1962, un chercheur d’Eli Lilly à Indianapolis qui recherchait des substances antidiabétiques et que l’un de nous a bien connu (RA) lors de son post-doctorat à l’Université de Chicago en 1975. Mais chez le rat, il observa, ce que d’autres canadiens Noble et Beer observèrent aussi de leur côté, à savoir que ces extraits engendraient une leucopénie (diminution des globules blancs). Une personne de sa famille étant condamnée avec une leucémie, il eut l’idée de lui administrer des extraits de Catharanthus, ce qui eut pour conséquence une rémission de sa maladie. En conséquence, ce chimiste fut nommé directeur d’Eli Lilly…Ces alcaloïdes dimères originaux et complexes, difficilement reproductibles chimiquement en raison de carbones asymétriques, sont des antimitotiques qui se fixent sur la tubuline empêchant la formation de microtubules, donc la formation du fuseau chromatique qui permet la séparation des chromosomes au cours de la mitose. Le mécanisme d’action a été particulièrement étudié. Ces médicaments sont utilisés dans de très nombreuses pathologies cancéreuses (maladie de Hodgkin, lymphomes, de tumeurs solides…) mais ce sont des substances à effets secondaires nombreux (neurotoxicité…). Le plus étonnant est que plus de 70 alcaloïdes furent isolés de cette même plante et que seuls les deux premiers sont actifs !

 

Le Daphné, Daphne mezereum L. (Thymeleaceae), Kellerhals, ou « bois gentil », n’est en fait pas gentil du tout ! Ce buisson à fleurs rose pourpre attire les insectes car son parfum est proche de celui du lilas.

Entre 10 à 15 baies écarlates sont létales chez l’adulte mais curieusement pas chez les oiseaux. Les substances responsables sont des diterpènes particuliers (des esters du phorbol) présents notamment dans les fruits et « cocarcinogènes », c’est-à-dire qu’ils provoquent un développement rapide chez des sujets où des prémisses cancéreuses sont présentes. Ils ont servi de modèles pour l’étude des cancers, il y a quelques années, notamment à Heidelberg (Deutsches Krebsforschungszentrum), car en badigeonnant les oreilles de souris avec ces substances puis avec du benzopyrène cancérigène par exemple, les cancers évoluent très rapidement et peuvent plus rapidement être étudiés. Ces diterpènes se retrouvent aussi dans les latex de certaines euphorbes du genre Euphorbia, que vous trouvez un peu partout sur les talus, comme l’euphorbe petit cyprès Euphorbia cyparissias L. ou Euphorbia lathyris L. que l’on plante dans les jardins potagers pour faire fuir les taupes.

 


Très rare, voire exceptionnel en Alsace mais plus fréquent dans la moitié sud de la France, vous découvrirez peut-être le petit houx, Ruscus aculeatus L. (Asparagaceae), (Mäusedornwurzelstock) ou fragon.

Cette plante ligneuse, vivace, porte des cladodes, ou fausses feuilles terminées par un aiguillon acéré et son fruit est une baie écarlate. Son rhizome renferme des stérols, des saponosides stéroïdiques  (ruscosides…) originaux. Ce fut un des fleurons des médicaments à base de plantes très utilisé dans les « manifestations subjectives de l’insuffisance veineuse » (jambes lourdes, hémorroïdes) car les principes actifs stimulent les récepteurs alpha-adrénergiques des cellules lisses de la paroi vasculaire.

 


Dans des endroits dégagés, aux détours herbeux du chemin, un véritable jaillissement étoilé avec des fleurs aux tonalités violettes, au sommet de longues tiges attirera votre regard, c’est l’épilobe purpurine en épis, Epilobium hirsutum L. (Onagraceae), qui forme des colonies se développant après des terrassements sur des terrains humides. L’épilobe est utilisé surtout en Suisse, en infusion ou en extraits pour les troubles de l’hypertrophie prostatique.

 

 

Plus loin, l’herbe à Robert, Geranium robertianum L. (Geraniaceae) essaimant çà et là, fut célébrée par A. de Lamartine qui écrivait : « Ton parfum attend la nuit pour embaumer et se répand dans l’ombre ». Ce n’est pas certain car les parties aériennes renferment surtout des tannins, vasoconstricteurs, astringents…mais très peu d’huile essentielle.

 

 

Plus abondante partout dans les prairies, apparait l’achillée millefeuille, Achillea millefolium L. (Schlafgarbenkraut Garwekrüt), (herbe de Saint Jean, sourcil de Vénus…), une Asteraceae aux feuilles subdivisées en lobes finement découpés et dont les fleurs groupées en petits capitules forment des corymbes denses blanches ou rosées sur le même plan.

Avec son goût amer, elle est principalement anti-inflammatoire et antispasmodique (troubles digestifs…). Cette herbacée se trouve mêlée à plusieurs légendes. Jésus rapporte-t-on, soigna son Père charpentier avec des feuilles fraîches d’où l’appellation d’« herbe au charpentier ou herbe Saint Joseph » Et puis la légende raconte qu’Achille aurait utilisé cette plante pour guérir les blessures de ses soldats lors de la guerre de Troie, car le millefeuille est hémostatique.

 


Plus loin au pied de majestueux arbres d’un parc, ce sont des parterres de petites fleurs bleues d’une rare beauté, constitués de colonies de petites scilles à deux feuilles, Scilla bifolia L. (Hyacinthaceae). Utilisée sporadiquement dans les Vosges, elle est la « cousine » de Urginea maritima L. (Asparagaceae) dont le bulbe possède aussi des cardiotoniques voisins de ceux de la digitale (scillarènes), avec le même aglycone, mais possédant un cycle latéral à 6 atomes au lieu de 5, ce qui les classe dans la catégorie des « bufadiénolides » comme chez l’hellébore, vue plus haut et  qui pousse dans les régions méditerranéennes. 

 


4. Plantes des collines calcaires et des prairies


Les collines sous-vosgiennes couvertes de vignobles, prennent en automne des tonalités fauves ou rousses, mouchetées de vert, adoucissant le regard, alors que sur les vignobles du midi, des couleurs plus violentes éclabousseraient nos yeux…
Et si l’on est au printemps, l’anémone pulsatile, Anemone pulsatilla L. (Renonculaceae), la « fleur de Pâques » rare et apparaissant sporadiquement dans les zones calcaires d’Alsace, comme à Rosenwiller ou Rosheim, est « une fleur sublime et solitaire, au pavillon de soie étalé pour ses étamines d’or » écrivait Honoré de Balzac. Ses clochettes violettes, duvetées accompagnées de ses feuilles fraîches découpées en lanières, étaient autrefois utilisées en teinture ou mieux en alcoolature dans les difficultés broncho-pulmonaires. Ses principes actifs irritants à l’état frais, s’hydrolysent rapidement lors du séchage en ranunculine qui se dimérise en anémonine peu active et que l’on retrouve aussi chez la plupart des renoncules et les clématites.

 


En revenant, le long des routes et des talus, alors qu’au loin les blés roses comme du cuivre et que l’ondoiement des glumes dans le vent vous picotent, voici un lit de fleurs des champs, qui se comptent à foison, formant de larges tapis aux haleines multiples. Cependant, alors que la rosée du matin humectera encore leurs feuilles, et que les ailes ocellées des papillons multicolores volèteront, les refermant et les ouvrant tour-à-tour, s’épanouissent sur les talus, les boutons-d’or luisants, les scabieuses bleutées ou « oreilles de lièvres » les églantines roses, avec en fond cette odeur des menthes sauvages.


Si l’on a de la chance, notamment toujours au printemps, « la plus humble des fleurs sera la plus superbe (Jean Desmarets de Saint-Sorlais (16ème s.) avec son délicieux et subtil parfum, la violette, Viola odorata L. (Violaceae) en allemand : März Veilchen, en alsacien : Märzeveiele, Veilàtte, Veilùtte, Veietel, reste le symbole de la modestie.

 


Toujours en avril, sur les pelouses fraîches, les têtes inclinées jaune vif, surmontant une hampe florale couverte de duvet de la primevère, Primula elatior (L.) Hill (Primulaceae) (Himmelschlüsselblumen) en allemand : Wiesenschlüsselblume, et en alsacien: Himmelschessele, Lungekrütt, encore dénommées „coucous des prés“ constitueront pour vos enfants leur premier bouquet de fleurs odorantes, également réputées en infusion pour vos premiers accès de la toux.

Cette jolie corolle concave avec 5 taches orangées au sommet, dont certaines espèces sont néanmoins allergisantes par voie externe, mais surtout les parties souterraines, contiennent des saponosides mais aussi des esters salicyliques qui augmentent la fluidité des sécrétions bronchiques et sont des adoucissants. Shakespeare dans le songe d’une nuit d’été écrivait  « Vous voyez des taches sur leurs robes d’or : ce sont les rubis, les bijoux de la fée, taches de rousseur d’où s’exhale leur senteur ».

 

Les pissenlits Taraxacum officinale (L) Weber, (Asteraceae), (couronne de moine, laitue de chien…) en allemand : Löwenzahn, Bettseicherkraut, en alsacien: Brunsblüem, Bettschisser,, sont trop communs et font, hélas partie, des « mauvaises herbes ». Et pourtant, ils ont des vertus dépuratives, stimulantes de l’appétit et des fonctions digestives.

Avec ses feuilles basilaires en rosette, découpées, rappelant les dents d’un fauve d’où son nom de « dents de lion », avec ses capitules jaunes de fleurs ligulées et le « parachute ailé, de cet amer doux, dont le pappus soyeux est une véritable « bulle d’argent, frêle sans cesse échevelé » (Th. Gautier), nous avons tous, enfant, soufflé ses aigrettes anémophiles  qui s’évaporent dans le vent. Riche en minéraux (potassium…), son amertume est due à des lactones sesquiterpéniques nombreuses (eudesmanolides…) mais aussi à des alcools triterpéniques (taraxastérol…). Cholérétique et cholagogue, diurétique à forte dose (où son nom) la science est a priori contradictoire. Certaines recherches pharmacologiques mentionnent que l’infusion empêche l’énurésie nocturne, d’autres mentionnent un effet diurétique chez le rat.


Dédiée aux affections féminines, l’étymologie venant de « matrix » (matrice), Matricaria recutita L. : Kàmelle ; Kàmelekrütla, (Asteraceae), la matricaire ou camomille allemande, Kamillenblüten se retrouve dans les lieux incultes dont les capitules possèdent des fleurons ligulés à languette blanche sur un réceptacle conique jaune.

Là aussi, des lactones sesquiterpéniques (matricine…) et des flavonoïdes (polyphénols) originaux ont fait de ces fleurs un remède traditionnel des digestions pénibles, associant des effets anti-inflammatoires non stéroïdiens, à des propriétés apéritives en raison de leur amertume.


Séchées, les sommités fleuries du mélilot, Melilotus officinalis (L.) Lam (Fabaceae), (casse-lunettes, petit trèfle jaune…) Steinkleekraut, en allemand : Honigklee, en alsacien : Hunniklee, exhalent la fragrance de la fève Tonka, recherchée dans certains parfums et qui sont de la classe des coumarines.

En effet, le mélitoside s’hydrolysant, conduit par lactonisation à cette coumarine volatile à odeur de foin séché. Ses préparations servent dans le traitement symptomatique des troubles fonctionnels de la fragilité capillaire, de l’insuffisance veineuse (jambes lourdes…), dans les troubles digestifs, les états neurotoniques et les troubles du sommeil. Mais ces coumarines ne sont pas anticoagulantes. Cependant, c’est justement au cours du séchage des fourrages en milieu humide, qu’une contamination fongique peut intervenir en dimérisant deux molécules pour former le « dicoumarol », entrainant chez le bétail des hémorragies (maladie du mélilot « gâté »), substance qui a été le chef de file de la découverte des anticoagulants de synthèse. Il semble d’autre part que certaines coumarines ne soient pas aussi inoffensives, car elles sont hépatoxiques.

 

 

Et pour terminer l’aspérule odorante, Galium odoratum (L.) Scop (Rubiaceae) (Wàldmeischter, Maiekrüt.), dégage la même odeur très agréable de coumarine, lorsque ses parties aériennes sont séchées, et ce par hydrolyse du mélilotoside présent. Utilisée dans les mêmes indications que le mélilot, en Alsace, l’aspérule est macérée dans du vin pour élaborer le « vin de mai » ou « maitrank » en alsacien qui rassemble les mêmes propriétés mais qu’il faut néanmoins consommer avec grande modération !

 

Mais voici que rôde la nostalgie des temps anciens, car au milieu des champs de céréales blondes, parmi le frémissement des glumes dans le vent, au sein des épis inégaux, les bleuets, les fiers coquelicots parés de de leur pourpre cardinalice furent le symbole de notre drapeau national, accompagnés des marguerites ouvrant leurs grands yeux mouillés de rosée….mais ce ne sont plus que des rêves, car sur les rives de la vie, où fleurissaient aussi les illusions enfantines en cueillant avec un certain délice des bouquets de marguerites, les pesticides et autres poisons ont fait leur funeste œuvre et les ont, hélas, éradiqués ! ….


Les capitules de bleuets, Centaurea cyanus L. (Asteraceae), doivent leur couleur à des anthocyanosides et ont fait leur réputation comme adoucissants et légèrement anti-inflammatoires en usage local, en cas d’irritation ou de gêne oculaire.

Notre grand poète, Victor Hugo écrivait avec délicatesse : « l’air brûlant fait luire en la fournaise des plaines la braise des coquelicots, mélangés au bleuet sa compagne » !

Oui, ce coquelicot, Papaver rhoeas L., (Papaveraceae), , Mohnblüem, Firblüem en alsacien est par son nom français une onomatopée du cri du coq « coquérico » et sa couleur écarlate rappelle la rougeur de sa crête, que d’aucuns ont aussi qualifiée de « fleur du crime, de fleur de sang sur la lèvre épaisse du sillon » (R. G. Cadou). Son fruit est une petite capsule en réplique miniature de celle du pavot somnifère à opium, mais les voies de biosynthèse ne sont les mêmes…Le coquelicot accumule de petites quantités d’alcaloïdes de type tétrahydrobenzazépinique (rhoeadine) qui peuvent être utiles comme sédatif léger, dans les troubles de la nervosité, la toux et l’éréthisme cardiaque. Mais en conséquence les alcaloïdes du pavot somnifère, comme la morphine, la codéine, la thébaïne, n’y sont pas présents. C’est donc un leurre de vouloir récolter les capsules de coquelicot pour faire « un trip »…Séchée, sa corolle, lie-de-vin se violace, et donnera à l’infusion une couleur rouge cerise si l’on ajoute quelques gouttes de citron.

 


Les herbes folles des talus semblent toujours sans intérêt. Mais l’obliquité de votre regard se posera sur le lamier blanc Lamium album L. (Lamiaceae), en allemand : weisse Taubnessel., en alsacien : Sügerle, Honiblüem. Empiriquement ses corolles à gorge béante, immaculées et à l’état frais que d’aucuns qualifient de source d’effluves délicates, sont destinées en priorité aux secrets de la femme. En réalité, ses constituants sont très modestes, sans grande originalité et les preuves scientifiques sont peu probantes, mais c’est la tradition.

 

 

Plus majestueux, c’est une sorte de véritable cierge, muni d’une inflorescence d’or duveteuse, effilée, ensoleillée qui apporte une longue tradition de douceur.


En effet, le bouillon blanc, Verbascum thapsiforme Schrad. Scrophulariaceae, Wollbluëme, Wollblumen doit sa dénomination aux filets barbus de ses étamines. Les mucilages (polysaccharides uroniques), les flavonoïdes, des iridoïdes (aucuboside…) présents sont des adoucissants dans les maux de gorge (plantes pectorales), dans les troubles fonctionnels digestifs mais aussi dans de nombreux domaines en usage externe et les affections dermatologiques.

 

 

Considérée comme de « mauvaises herbes » et vraiment mièvres, la cinquantaine d’espèces de séneçons, Senecio sp. Asteraceae, Kreuzkraut, possèdent un duvet blanchâtre sur leurs akènes, ce qui nous invite à une certaine analogie avec la chevelure d’un vieillard.

Leurs capitules jaunes fleurissent presque en toutes saisons, dans les prés. La sage science nous montre cependant que tout ce qui est naturel n’est pas forcément bon. Leur utilisation est à déconseiller sans regret aucun. Autrefois néanmoins, un célèbre élixir était vanté pour les problèmes de « jambes lourdes ». Depuis, sa formule a été « épurée » car de nos jours, nous savons que des alcaloïdes pyrrolizidiniques complexes hépatotoxiques (syndrome veino-occlusif, ascite, cytolyse…) peuvent être présents (présence ou non d’une double liaison), causant des intoxications graves chez les enfants et même les chevaux qui les broutent dans les pâturages, entrainant des convulsions et même une cirrhose.

 

 

Plus loin au loin au milieu des pacages, la sauge des prés, Salvia pratensis L. Lamiaceae, en allemand : Salbei, Edelsalbei, en alsacien : Sàlwei, semble vouloir dépasser les herbes voisines pour se montrer avec ses fleurs bilabiées aux insectes visiteurs et chercheurs de pollen, en s’inclinant vers l’avant pour donner plus de chances à la pollinisation. Y-a-t-il une intelligence quelque part.… ?

 


Mais il y a sauge et sauge ! Alors que la sauge officinale, Salvia officinalis L. Lamiaceae, qui croit dans les garrigues du midi, est riche en huile essentielle contenant un monoterpène bicyclique neurotoxique (la thuyone, molécule proche chimiquement du camphre, est une petite molécule lipophile qui passe la barrière hémato-encéphalique et atteint les centres nerveux), au contraire, cette sauge des prés n’a aucune odeur lorsqu’on la froisse, car elle ne contient pas d’huile essentielle. En conséquence, elle n’est pas toxique, mais, à part ses belles corolles bleues, elle n’a guère d’intérêt pharmacologique.

 

Voici que çà et là, la fumeterre, Fumaria officinalis L. Fumariaceae, dénommée « fiel de terre, herbe à la jaunisse… » se développant dans les terrains incultes, possède des feuilles gracieuses comme un chevelu de fumée et aussi un jus qui fait « pleurer les yeux comme la fumée ».


Au XVIème siècle elle « remédiait aux obstructions du foie et aiguisait la vue ». Ses principes sont constitués par une centaine d’alcaloïdes bien connus (protopine, cryptopine…) qui sont vantés comme «amphocholérétiques» régulant le flux biliaire, atténuant les symptômes de l’indigestion, spasmolytiques, mais dont la démonstration clinique est toujours en attente, bien qu’elle soit supputée pharmacologiquement.

 

 

Ah ! le… millepertuis Hypericum perforatum L. (Hypericaceae), en alsacien : Johanniskrüt, Haxekrüt, voici la plante que l’on a appelé le « prozac » naturel !
D’aucuns iront même jusqu’à penser qu’il s’agit du premier et presque seul, antidépresseur naturel reconnu par les autorités de santé, ayant un mécanisme d’action connu, car c’est un inhibiteur non compétitif de la recapture de la sérotonine, une activité que la médecine empirique d’autrefois n’avait pas mise en exergue. Comme si l’homme qui était né « agressif » pour se préserver des prédateurs et n’avait nul besoin de déprimer…


Quoiqu’il en soit, la tradition utilisait les grappes corymbiformes d’or dont les feuilles piquetées par mille petites glandes noires (ce sont en fait des poches sécrétrices translucides, visibles par transparence) et libérant leurs principes rouge foncé grâce à des naphtodianthrones comme l’hypéricine, mais aussi de l’hyperforine. Leur macération dans de l’huile est encore appréciée favorablement comme cicatrisante sur les brûlures, comme trophique protecteur dans les affections dermatologiques. Cependant les indications thérapeutiques validées par les autorités de santé à l’issue d’essais cliniques positifs, mentionnent que l’utilisation du millepertuis peut concerner les dépressions légères et transitoires, voire un traitement de première intention. Mais, il convient aussi de noter des interactions médicamenteuses avec de nombreux médicaments qui voient leur concentration plasmatique diminuer et donc de l’effet attendu. Enfin, après exposition au soleil, l’action photo-sensibilisante du millepertuis est bien connue chez l’animal, notamment sur les ovins à pelage blanc.

 

 

Dans les taillis et les haies, les ronces encore enrubannées par l’arc-en-ciel des lourdes toiles d’araignée, voisinent avec le jeune églantier qui s’épanouit devant le bois où dort le silence. A leurs côtés les baies bleues des pruneliers, Prunus spinosa (Rosaceae), en allemand : Schlehe, Schwarzdorn, sont recouvertes d’une pruine et apporteront une note de forte astringence due à des tannins et des propriétés en conséquence.

 

 

Plus loin, l’aubépine épineuse en fleurs, Crataegus sp. (Rosaceae), Hagäpfela, Wissdorn, étale sa gerbe blanche sur un coteau près d’une charmille. Ses parties aériennes (sa baie, ses feuilles et ses fleurs), riches en polyphénols (flavonoïdes et proanthocyanidols originaux) sont réputés actifs sur le myocarde  (contractilité et débit), anti-arythmiques et sont bénéfiques dans les palpitations mais aussi dans les états neurotoniques (troubles mineurs du sommeil).

 

Le sureau noir, Sambucus nigra L. (Caprifoliaceae ou Adoxaceae), Holunderbeeren, en allemand comme en alsacien : Holunder, Holder, est un arbuste assez répandu, laissant mûrir au soleil, des myriades de petites baies à chair molle, disposées en grappes.

Au départ ces baies sont vertes en état de véraison pour devenir noires violacées et ont une solide réputation pour les gourmands, en marmelades.
Elles renferment des anthocyanosides qui confèrent leurs propriétés de colorant alimentaire. Mais attention à la présence d’oxalate chez fruits non cuits et de glycosides cyanogénétiques. Ces molécules donnent naissance à de l'acide cyanhydrique toxique qui est libéré par des enzymes végétales dans l'organisme après l'ingestion. La fleur de sureau est utilisée pour faciliter les fonctions d’élimination urinaire et digestive.

 


Toujours dans le contexte des arbrisseaux, le genévrier, Juniperus communis L. (Cupressaceae), Wachholder, Rackholder plus rare et présent dans les hautes Vosges, possède des « baies » qui sont en fait des cônes ou pseudo-fruits, brun-violet à brun-noir, avec à leur sommet trois fentes convergentes.


Apres, fortement aromatiques, elles accumulent une huile essentielle riche en carbures monoterpéniques (pinènes, sabinène…), elles étaient considérées au Moyen-Age comme une panacée et sont utiles aux solides amateurs de choucroute à mieux digérer. On dit aussi qu’elles facilitent les cures de diurèse, mais elles peuvent être irritantes pour les reins. Elles sont aussi à l’origine d’un alcoolat fort apprécié, le gin…n’est-ce pas déjà assez ?

 


Plus difficile à trouver parce que caché dans les bois de feuillus, mais bien présent dans les bois humides vous trouverez de la bourdaine, Rhamnus frangula L. (Rhamnaceae), un arbuste sans grande beauté avec ses fleurs en bouquet, blanc verdâtre. Les fruits, des drupes rouges puis noires à maturité, attirent le regard.

Son écorce fait partie de la Pharmacopée européenne porte des lenticelles grisâtres avec une surface interne brun-rouge qui renferme des hétérosides anthraquinoniques (glucofrangulosides, frangulosides…) très efficaces en cas de « besoin », soit de constipation. Mais cette écorce ne doit pas être utilisé fraîche car elle aurait un effet drastique violent. Il convient de la laisser sécher au moins une année pour que les anthrones s’oxydent à l’air en anthraquinones dont l’activité purgative est plus adaptée et tolérée pour les adultes, l’usage étant contrindiqué aux moins de 12 ans. Le mécanisme d’action est bien connu et il faut un délai de 12 heures pour que les principes actifs atteignent le colon et augmentent ainsi le péristaltisme intestinal.

 


5. Et dans les lieux humides :


Au sein des prairies ourlées de petits ruisseaux qui pourraient serpenter depuis plus de mille ans, au bord de l’eau bleue des champs, dorment dans les coins humides une lignée de saules frissonnant sous la brise, savamment taillés, pleurent. La taxonomie de ces arbres étant complexe, aussi nous nous limiterons au genre Salix sp.

Se rappelle-t-on qu’Hippocrate (env. 500 ans av. J.C.) avait découvert les vertus thérapeutiques de son écorce, car il soignait les douleurs de ses malades avec des infusions. Nous savons maintenant que le pouvoir antalgique, est dû à son salicoside, le glucoside de l’alcool salicylique et qu’une seule tasse est à peu près actuellement l’équivalent en aspirine d’une dose d’aspirine (Aspégic) pour nourrisson ! Car les métabolites sont les mêmes ! Allez soigner de nos jours des douleurs avec une dose de nourrisson, ce ne serait pas convaincant !

 


De son côté, dans les lieux humides ou marécageux, vous trouverez des colonies de reine des prés ou spirée ou ulmaire, se balançant mollement dans les fossés spongieux avec leurs élégantes dentelles spumescentes de petites fleurs nacrées (corymbes). La reine des prés, Spirea ulmaria L. (Rosaceae), spirée, herbe aux abeilles, en allemand: Wiesenkönigin, Wiesengeissbart, en alsacien : Krampfkrüt, Mattekönigin, qui a justement donné la dénomination d’aspirine (« aldéhyde de la spirée ») car au 15ème siècle ses propriétés comme antipyrétique furent mises en évidence.

 Plus tard l’on sut que le principe actif, l’aldéhyde salicylique, était un dérivé de l’acide salicylique. D’ailleurs si vous en froissez ses feuilles, vous sentirez un de ses dérivés volatils, le salicylate de méthyle, d’odeur bien connue. Voilà, une véritable curiosité car ces deux espèces de plantes possèdent le même métabolite actif que l’aspirine, (acide acétylsalicylique): l’acide salicylique. Vous connaissez les propriétés de cette substance, l’une de celles les plus utilisées dans le monde. Ajoutons d’autres activités (antiagrégantes plaquettaires…protection contre l’infarctus). Voici un bel exemple de la preuve a posteriori par la science de l’empirisme traditionnel ! Pour tout ceci, une dénomination royale lui aura été réservée.

 

 

Non loin, le nom de la valériane, Valeriana officinalis L., (Caprifoliaceae), en allemand : Baldrianwurzel, Katzenwurzel, en alsacien : Bàldriàn, Katzekrüt, vient de « valere, « je me porte bien ».

Cette herbacée retient notre regard avec ses fleurs blanches ou rosées groupées en inflorescences cymeuses terminales. Son rhizome renferme des séries de principes : sesquiterpènes (acide valérénique…) avec des iridoïdes triesters (valépotriates originaux), une huile essentielle…mais l’on court toujours après ses véritables constituants actifs, comme « tranquillisant mineur », car ce sont des inhibiteurs de la capture de l’acide gamma aminobutyrique (GABA) des terminaisons nerveuses, des relaxants musculaires. D’où l’emploi de certaines formes galénique plus intelligemment élaborées. C’est ce que l’on appelle un « totum », où chaque constituant en mélange conduit à un complexe actif, alors que chacun, pris isolément ne l’est pas ! Aristote nous avait rappelé rappelle que « le tout est plus que la somme de ses parties ». Mais les preuves cliniques manquent à l’appel. Dans notre laboratoire (RA), nous avons montré que les valépotriates étaient des nucléophiles fortement cytotoxiques, mutagènes et génotoxiques, mais ces substances se dégradent vite, notamment en milieu liquide pour donner des produits odorants peu agréables mais qui ont la particularité d’attirer les chats !
 


La tige verticale de la prêle, Equisetum arvense L. (Equisetaceae), fait penser à une queue de cheval mais en Alsace à une queue de rat d’où son nom en alsacien : Katzewatel et en allemand : Pferdeschwantzkraut, Zinnkraut.


 Elle se dresse dans les endroits marécageux et aux abords des champs de maïs, et ses rameaux stériles portent aux nœuds des feuilles verticillées caractéristiques. Les prêles sont riches en substances minérales et notamment en silicium sous forme de concrétions d’opaline, dont une partie est soluble. La tradition lui attribue des propriétés diurétiques qui sont tolérées au niveau européen en cas de troubles urinaires, en infusion. Ce sont sous forme de préparations cosmétiques qu’elle est utilisée pour la prévention de la cellulite par exemple dans des crèmes « tonifiantes »… D’aucuns la supputent « reminéralisante » en cas de problèmes osseux mais rien n’a été prouvé scientifiquement.

 


6. Et pour terminer …pourquoi pas autour d’une bonne bière de chez nous ?


A l’heure chaude de la journée ou « chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir », combien est-il agréable de se reposer sous l’ombrage frais des tilleuls de la place de nos beaux villages, auprès d’une de ces fontaines de féérie, doucement chantante par l’eau versée dans la vasque… « J’aime le pays où l’ombre est un besoin » écrivait Stendhal. Ses inflorescences groupées en cymes, le tilleul Tilia sp, (Malvaceae), en alsacien : Lindeblüescht ; embaumeront l’air ambiant, avec une odeur douce de miel due à un mélange subtil d’aldéhydes et de dérivés oxygénés (farnésol, linalol, géraniol…) attirant ainsi de multiples abeilles. Au retour de promenade, son infusion détendra les dames dans le cas d’états neurotoniques et de troubles mineurs du sommeil.

Dans le commerce les inflorescences de tilleul sont constituées par les fleurs blanc crème, mais aussi par une large bractée à la base qui a pour rôle d’apporter des mucilages adoucissants mais aussi une certaine élasticité évitant ainsi que les fleurs ne tombent en petits morceaux.

 


A moins que ce ne soit sous les feuilles étoilées du marronnier d’inde, Aesculus hippocastanum L. (Sapindaceae), en alsacien : Keschte ou Rosskeschte qui assurent la pérennité aux ombrages de nos jardins.


Nous connaissons tous son fruit, une capsule épineuse renfermant de grosses graines luisantes, brunes, les marrons. Il fut importé vers 1591 grâce à Charles de Lécluse. A la fois des préparations à base de son écorce et de ses graines seront efficaces dans certaines pathologies veineuses, mais curieusement au moyen de molécules différentes ! Son écorce renferme des coumarines, (esculoside…) alors que ses « marrons » aux hiles blancs, accumulent des saponosides qui sont employés dans les troubles fonctionnels de la fragilité capillaire, de l’insuffisance veineuse (jambes lourdes…).

 

 

Plus loin, là « où souffle l’esprit » sous un noyer, Juglans regia L. (Juglandaceae), en allemand : Walnussbaum et en alsacien : Nussbaum, dont les feuilles et le brou contiennent des quinones (juglone…) qui sont des antioxydants piégeurs de radicaux libres.

Elles sont néanmoins considérées maintenant comme toxiques car cytotoxiques et génotoxiques, bien que des préparations soient utilisées dans le cas de problèmes vasculaires. Ma grand-mère laissait macérer des noix (des drupes) avec leur péricarpe vert et charnu dans du schnaps au soleil…et quand on avait des problèmes de digestion, un petit verre nous remettait d’aplomb ! Mais ce sont aussi des antiseptiques et des antifongiques dans le cas de dermatoses.
Enfin, pour faire un lien avec la tradition et probablement comme moyen mnémotechnique, la théorie de la signature était un signe du créateur mentionnant que l’apparence des plantes était censée révéler leur usage thérapeutique au commun des mortels.

 

 

Ainsi, la pulmonaire, Pulmonaria officinalis L. (Boraginaceae), Lungenkraut présente des feuilles lobées rappelant la morphologie du tissu pulmonaire…aussi en toute logique, la tuberculose devait être guérie. Ce ne fut, hélas, pas le cas car la science a montré un archaïsme.

 

 

 

C’est aussi le cas de la chélidoine, Chelidonium majus L. (Papaveraceae), Haxamelich ou Schellkrüt, choisie par l’hirondelle pour rendre la vue à ses petits dit-on, et qui pousse le long des murs en ruines.

Sa tige cassée laisse sourdre un latex jaune-orangé encore utilisé contre les verrues car la trentaine d’alcaloïdes présents (chélidonine, sanguinarine…) sont cytotoxiques et antitumoraux. Autrefois on l’employait comme hépatotrope en raison de la couleur orangée de son latex qui est de même couleur que la bile…mais la science a montré qu’il n’en était rien et la balance bénéfices/risques est défavorable.

 

Mais voici que s’achève notre randonnée au cœur de la nature : nous avons participé modestement à l’évolution de l’humanité et qui fait partie de « l’histoire de l’Homme » et de son passé, mais aussi de son avenir. Nous n’en avons pas fait le tour complet, ce sera pour une autre fois…

Nous avons aussi vagabondé aux confins de « cette sorte de vérité imparfaite et provisoire qu’on appelle la science » (A. France) mais aussi dans la volupté des connaissances d’autrefois, qui furent l’objet d’une observation précise, clinique, c’est-à-dire sur l’homme directement, avec grand soin d’où est né au cours des siècles, l’usage traditionnel. La recherche fournira d’autres modèles moléculaires qui feront l’avenir d’autres médicaments. Mais que de beautés toutes vives nous entourent ! Quelle magie de l’art, quel hymne à un rêve, à la beauté ! N’oublions pas aussi que « la merveille ne naît pas de la chose regardée mais du regard » (Th. Maulnier) et pour finir revenons à Socrate : « la sagesse commence dans l’émerveillement ». Tout un programme !

NB : les dénominations des plantes citées en allemand voire en alsacien ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Il est évident que selon les contrées, les villages, les dialectes, ces dénominations peuvent varier.

 


Sources des photos par ordre alphabétique:
Achillée millefeuille :
https://www.google.com/search?q=millefeuille+achill%C3%A9e+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwi7oOvmocv1AhUIVfEDHYPKCr4Q2-cCegQIABAA&oq=millefeuille
Aconit napel :
https://www.google.com/search?source=univ&tbm=isch&q=aconit+photo&client=fi
Ail des ours :
https://www.alsagarden.com/fr/175-ail-des-ours-allium-ursinum-graines.html
Anémone pulsatille :  
https://jardinage.lemonde.fr/dossier-1854-anemone-pulsatille.html
Anémone Sylvie :
https://www.lepage-vivaces.com/detail-article.php?ID_ARTICLE=199
Arnica :
https://www.aromatiques.fr/autres-plantes-medicinales/452-arnica-des-plaines.html
Aubépine :
https://www.google.com/search?q=photos+aub%C3%A9pine&tbm=isch&ved=2ahUKEwiDrLbOxMz1AhW1QPEDHYRFDNQQ2-cCegQIABAA&oq=photos+aub%C3%A9pine&gs
Belladone :
https://www.google.com/search?q=belladone+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwibu_7smMv1AhUaahoKHf4QBIsQ2-cCegQIABAA&oq=belladone+photos&gs
Bleuet : https://www.google.com/search?q=bleuet+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwj3jrikqsv1AhVpVfEDHaH-D8sQ2-cCegQIABAA&oq=bleuet+photos&gs
Bouillon blanc :
https://www.google.com/search?q=bouillon+blanc++photo&tbm=isch&ved=2ahUKEwjMiajev8z1AhVOXvEDHdoWBIAQ2-cCegQIABAA&oq=bouillon+blanc
Bourdaine :
https://www.google.com/search?q=photos+bourdaine&tbm=isch&ved=2ahUKEwjm7ffBxsz1AhWGXcAKHb11Cs8Q2-cCegQIABAA&oq=photos+bourdaine&gs
Callune :
https://www.mes-ballades.com/67/flore-et-faune-bas-rhin-67-en-region-grand-est-en-france.htm
Chélidoine :
https://www.google.com/search?q=photos+ch%C3%A9lidoine+plante&tbm=isch&ved=2ahUKEwjFzvyols31AhVuQPEDHf2HB54Q2-cCegQIABAA&oq=photos+ch%C3%A9lidoine
Ciguë :
https://www.google.com/search?source=univ&tbm=isch&q=photo+grande+cigu%C3%AB+plante&client=firefox-b-d&fir=CDxoCzCyFthHXM%252CqnwUvg7m-Colchique :
https://www.google.com/search?q=colchique+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjVr4Hzl8v1AhV7Z_EDHZlaDGgQ2-cCegQIABAA&oq=colchique+photos&gs
Coquelicot : https://www.google.com/search?q=coquelicot+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjFgMCUq8v1AhUqBGMBHUrdCO0Q2-cCegQIABAA&oq=coquelicot+photos&g
Daphné:
https://www.google.com/search?q=daphne+mezereum++fruit++photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjrt_rMn8v1AhWkVPEDHUzpDV4Q2-cCegQIABAA&oq=daph
Datura :
https://www.google.com/search?q=datura+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwip787Bmcv1AhVM-YUKHWvqCDgQ2-cCegQIABAA&oq=datura+photos&gs _
Digitale :
https://www.vosgesmatin.fr/loisirs/2012/11/28/la-digitale-pourpre-une-belle-dangereuse
Drosera :
https://www.mairie-les-martys.com/2015-04-23-13-53-07/les-martys-flore-faune/le-drosera
Ellébore :
https://www.google.com/search?q=helleborus+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwi3oejql8v1AhU04uAKHc0tDx0Q2-cCegQIABAA&oq=helleborus+photos&g
Epilobe:  : https://www.google.com/search?q=%C3%A9pilobe+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwi-zpGeqMv1AhXn1-AKHUEQCq0Q2-cCegQIABAA&oq=%C3%A9pilobe+photos&gs_lcp=C
Ficaire :
https://www.visoflora.com/photos-nature/photo-ficaire-fausse-renoncule-ranunculus-2.html
Fumeterre :
https://www.google.com/search?source=univ&tbm=isch&q=photos+fumeterre+officinale&client=firefox-b-d&fir=nvcgVZ7qffdcvM%25252C5xk9tVOC3VZVeM%25252
Galanthus :
https://jardinierparesseux.com/tag/galanthus/
Genêt à balais :
https://www.pepiniere-bretagne.fr/detail-article.php?ID_ARTICLE=6579
Genévrier :
https://www.google.com/search?q=photos+gen%C3%A9vrier&tbm=isch&ved=2ahUKEwiK7fX-xcz1AhU4aPEDHepLBOMQ2-cCegQIABAA&oq=photos+gen%C3%A9vrier&gs_
Gentiane jaune:
https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=photos+gentianes+jaunes
Géranium robert
https://www.google.com/search?q=g%C3%A9ranium+robert+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwj1yOiNocv1AhUBeRoKHaJ1ARQQ2-cCegQIABAA&oq=g%C3%A9ranium
Jusquiame :
https://www.google.com/search?q=jusquiame+fruit+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwj1yK3jmsv1AhWk4uAKHUfJAPQQ2-cCegQIABAA&oq=jusquiame+fruit+ph
Lamier blanc :
https://www.google.com/search?q=lamier+blanc+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjL2LHyq8v1AhU1Z_EDHWnbDDoQ2-cCegQIABAA&oq=lamier+blanc
Marronnier :
https://www.google.com/search?q=photos+marronnier+arbre&tbm=isch&ved=2ahUKEwiCot6xlM31AhUYVPEDHRK8CqwQ2-cCegQIABAA&oq=photos+marronnier
Matricaire : https://www.google.com/search?q=matricaire+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwiR8oiNp8v1AhVJX_EDHWdgAi4Q2-cCegQIABAA&oq=matricaire+photos&gs
Mélilot : https://www.google.com/search?q=m%C3%A9lilot+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwir7_LTp8v1AhW3QPEDHSP2AVwQ2-cCegQIABAA&oq=m%C3%A9lilot+photos&gs
Millepertuis :
https://www.google.com/search?q=photos+millepertuis&tbm=isch&ved=2ahUKEwjewYHTw8z1AhWNxeAKHbXbBVgQ2-cCegQIABAA&oq=photos+millepertuis&g
Muguet :
https://www.google.com/search?q=muguet+photos&client=firefoxd&tbm=isch&source=iu&ictx=1&vet=1&fir=0C9kLqh5YHd9DM%25252CHRTrm7J8GGJdk
Myrtille :
https://www.alsagarden.com/fr/1167-myrtille-sauvage-vaccinium-myrtillus-graines.htmlPensée des Vosges :
https://www.flickr.com/photos/7208148@N02/5966623930
Noyer :
https://www.google.com/search?source=univ&tbm=isch&q=photos+noyer+arbre&client=firefox-b-d&fir=QTv4Kp5J7X3LJM%25252Cvmiwc0rORhADxM%25252C_%252
Prêle des champs :
https://www.google.com/search?q=photos+de+la+pr%C3%AAle+des+champs&tbm=isch&ved=2ahUKEwjR_tyqk831AhVLyxQKHSNNAb8Q2-cCegQIABAA&oq=photos
Pervenche tropicale de Madagascar :
https://www.gammvert.fr/2-1212-plantes-dexterieur/2-5002-annuelles-et-bisannuelles/3-1000-toutes-nos-annuelles-et-bisannuelles/p-50401-pervenche-de-madagascar-vinca
Petite pervenche :
https://doctonat.com/petite-pervenche-vinca-minor/
Pissenlit: https://www.google.com/search?q=pissenlit+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwi6i7jvpsv1AhWVVfEDHW9ZDHUQ2-cCegQIABAA&oq=pissenlit+photos&gs
Primevère: https://www.google.com/search?q=primula+pratensis+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwiZlp-Rpsv1AhVrAWMBHYBdALIQ2-cCegQIABAA&oq=primula+pratensis
Pulmonaire :
https://www.google.com/search?q=photos+pulmonaire+plante&tbm=isch&ved=2ahUKEwjBl_yhls31AhWVVfEDHW9ZDHUQ2-cCegQIABAA&oq=photos+pulmon
Reine des prés : ulmaire- spirée
https://www.google.com/search?q=photos+reine+des+pr%C3%A9s&tbm=isch&ved=2ahUKEwjCkq_ox8z1AhXwXvEDHZYoAggQ2-cCegQIABAA&
Ruscus :
https://www.google.com/search?q=ruscus+aculeatus+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwiJhvTen8v1AhV7Z_EDHZlaDGgQ2-cCegQIABAA&oq=ruscus+aculeatus  
Sauge des prés :
https://www.google.com/search?q=salvia+pratensis+photo&tbm=isch&ved=2ahUKEwjMm8bowcz1AhUpYfEDHc34C3AQ2-cCegQIABAA&oq=salvia+pratensis
Saule :
https://www.google.com/search?q=photos+de+saule+pleureur&tbm=isch&ved=2ahUKEwjJ0_Gix8z1AhWZVfEDHbBdBVIQ2-cCegQIABAA&oq=photos+saule Scilla bifolia:
https://www.google.com/search?q=scilla+bifolia+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjp_qSYpsv1AhUz7uAKHWI7APkQ2-cCegQIABAA&oq=scilla+bifolia
Séneçon vulgaire:
https://www.google.com/search?q=sen%C3%A9%C3%A7on+photo&tbm=isch&ved=2ahUKEwjcxt38v8z1AhUJORQKHZjMBPcQ2-

Sureau noir :
https://www.google.com/search?q=photos+sureau+noir&tbm=isch&ved=2ahUKEwiivMm1xcz1AhUIXvEDHU_cCDMQ2-cCegQIABAA&oq=photos+sureau+noir
Tilleul :
https://www.google.com/search?q=photos+tilleul+en+fleurs&client=firefox-b-d&tbm=isch&source=iu&ictx=1&vet=1&fir=WPMDJWiQ0R_jWM%25252C5KLadn0pValériane :
https://www.google.com/search?source=univ&tbm=isch&q=photos+valeriane+officinale&client=firefox-b-d&fir=8A1KA7BaVhFdRM%25252Ch56OKGsvRwskkM%2525
Verâtre :
https://mieux-se-connaitre.com/2012/07/le-veratre/
Violette odorante :
https://www.google.com/search?q=viola+odorata+photos&tbm=isch&ved=2ahUKEwjIs42upMv1AhWN2uAKHV4TD1oQ2-cCegQIABAA&oq=viola+odorata

 

 

 

 

 

L'Edito

Traduire, c'est relier

 

Le Prix Maurice-Betz 2023 de traduction a été remis samedi 7 octobre à Colmar à Antonin Bechler, professeur de langue et littérature japonaises à l’Université de Strasbourg, traducteur du grand écrivain Kenzaburô Ôé, Prix Nobel de littérature en 1994.

 

Le Maire de Colmar, parrain et partenaire de la cérémonie, et le Consul général du Japon étaient présents. La manifestation prenait place dans le cadre du festival régional de traduction «D’une langue vers l’autre ».

En ces temps géopolitiquement troublés, il est important de valoriser la traduction. Car la traduction ouvre les horizons géographiques et culturels, elle relie les humains aux ancrages si différents, elle honore des figures universelles de la pensée et de la littérature. La traduction enrichit la polyphonie du monde.

 

Le Colmarien Maurice Betz (1898-1946, photo ci-dessus), écrivain et traducteur (de Rainer Maria Rilke, Thomas Mann, Friedrich Nietzsche), passeur entre les langues française et allemande en des périodes pourtant conflictuelles, est un symbole précieux pour notre région. Alors que le Goethe Institut a décidé de fermer son antenne strasbourgeoise, nous avons à veiller à l’ouverture rhénane et européenne de l’Alsace.

Le Prix Maurice-Betz de l’Académie d’Alsace existe depuis 1957 et a distingué des dizaines d’écrivains, poètes, traducteurs. Au-delà des remises de diplômes et des moments de convivialité qui les accompagnent, c’est un travail en profondeur qui s’accomplit, dans le meilleur des traditions humanistes d’ouverture et de rayonnement.

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 

Invitation à l’Agora du 19 novembre 2019

 

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