Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts
    Académie d’Alsace   des Sciences, Lettres et Arts  

Changement de présidence, 2008

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Passation de pouvoir entre Bernad Pierrat et Christiane Roederer
Septembre 2008

 

Christiane Roederer

 

 

 

Monsieur le Président, cher Bernard


Vous fûtes attelé au char céleste de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Alsace pendant six ans.
Comme vous aimez voyager dans le temps et dans l'espace, dans le conscient et l'inconscient en compagnie d'illustres scientifiques et philosophes,
Il nous paraît impératif de vous inviter au voyage à travers la symbolique du nombre six.

Dans la Bible, six est le nombre de la création, le nombre médiateur entre le principe et la manifestation. Le monde fut créé en six jours, dans les six directions de l'espace : les quatre cardinales, le zénith et le nadir.

En Chine, six est avant tout le nombre du Ciel, bien que ce soit seulement du point de vue de la manifestation, soit le char attelé de six dragons, le ciel en action. Il s'exprime par l'hexagone, ou mieux par l'hexagone étoilé qui est la conjonction de deux triangles inversés. En Occident, cette étoile est le sceau de Salomon.

Pour les descendants des Mayas, six est un nombre féminin, en fonction des six révolutions de la lune. Elle marque l'achèvement d'une course d'un cycle avant de pénétrer dans le nombre sept qui est la symbolique lumineuse du soleil, soit sa perfection ou mieux la jouissance de sa perfection. D'où l'on peut induire que de 6 à 7  s'opère le passage de la manifestation à la conscience de la manifestation.

Comme tous les nombres pairs, exprimant la gemelléité de toute création aboutie, six est un symbole faste pour les Bambaras, peuple du Sénégal. Le nombre six est dans l'Antiquité consacré à Vénus-Aphrodite, déesse de l'Amour.

Dans l'Apocalypse, le nombre six a une valeur péjorative, il n'en reste pas moins qu'il réunit deux complexes d'activités ternaires : il peut pencher vers le bien, mais aussi vers le mal dans ce perpétuel balancement entre l'ombre et la lumière, signe de l'humain. Il constitue l'un des échelons d'évolution vers le nombre sept, symbole de l'union et de la perfection. On prête à Hippocrate cette sentence : "Le nombre sept, par ses vertus cachées, maintient dans l'être toutes choses : il dispense vie et mouvement ; il influence jusqu'aux êtres célestes".
Cher Président, cher Marquis du Haut Pré vous pouvez à présent vous poser la question : "Mais où veut-elle en venir ? "

 N'ayez crainte… Pour une fois j'ai une petite boussole et ne risque donc point de m'égarer dans les champs autour d'Ottmarsheim comme un fameux jour d'assemblée générale…
Ainsi… En ce 28e jour de juin 2008, vous attelez votre char à sept dragons fougueux qui vous entraîneront vers la jouissance de la perfection, aussi bien dans votre vie quotidienne, dans vos explorations spirituelles, philosophiques et terrestres.

Avant de vous élancer, nous les compagnes et les compagnons de votre ascension, reconnaissons vos mérites présidentiels marqués de façon indélébile par la symbolique du six. Vous avez su être le médiateur entre le principe (c'est-à-dire les statuts) et la manifestation (c'est-à-dire : l'innovation, l'imagination, l'audace, la création) vers les six directions de l'espace par vos voyages académiques à travers la France et au cours de nos multiples réunions de comité que vous présidiez avec une tranquille autorité.

Tel le pèlerin accroché à son étoile, vous avez balisé, avec compétence et détermination, la voie de nos propres pérégrinations académiques. Chacun de vos discours fut une évocation du Ciel dans son sens métaphysique et un appel à l'action dans la pure tradition humaniste énoncée par Emmanuel Kant : "Le ciel étoilé au-dessus de nos têtes (l'éthique") et la loi morale en nous". Si Pierre Teilhard de Chardin est l'un de vos inspirateurs les plus manifestes, il n'en demeure pas moins que vous avez su élargir votre Connaissance, l'enrichir de tant d'autres visionnaires et surtout vous avez su, (vous savez faudrait-il dire), la partager entre toutes les générations.

Pour revenir à la symbolique du six, nous savons combien la part du féminin est importante pour vous. Il s'agit de cette part dont parle Teilhard mais aussi celle que vous accordez aux femmes qui ont travaillé à vos côtés. Elles vous en savent gré.

Nous n'allons pas procéder à un inventaire. Ce n'est pas l'objectif de ce petit discours.

Sans flagornerie, il se veut mise en lumière de ce que furent ces six années dans l'histoire de notre Compagnie et dans l'histoire symbolique des nombres jamais innocents.

Il se veut aussi témoignage de notre gratitude… À vous qui avez su garder l'unité de notre compagnie ; qui lui avez ouvert de larges horizons pour de futures actions ; vous qui avez placé l'écoute et le partage au cœur de votre action.  

Pouvons-nous exprimer un vœu ?  
Ne vous éloignez pas trop de votre chère Académie bien que l'appel du large soit souvent irrésistible pour le grand voyageur que vous êtes…
N'oubliez pas que vous pénétrez à présent dans le royaume de la perfection de la jouissance dans son sens le plus noble. N'ayez donc ni regret ni remords. Poursuivez la construction de votre cathédrale intérieure à laquelle chacun de vos voyages apportera une pierre supplémentaire.  

Dans ce sens, nous vous chargeons d'explorer et de goûter un coin de la belle France, en compagnie de votre épouse Dany, notre charmante et bienveillante hôtesse.


 

   

 

 

 

 

L'Edito

Traduire, c'est relier

 

Le Prix Maurice-Betz 2023 de traduction a été remis samedi 7 octobre à Colmar à Antonin Bechler, professeur de langue et littérature japonaises à l’Université de Strasbourg, traducteur du grand écrivain Kenzaburô Ôé, Prix Nobel de littérature en 1994.

 

Le Maire de Colmar, parrain et partenaire de la cérémonie, et le Consul général du Japon étaient présents. La manifestation prenait place dans le cadre du festival régional de traduction «D’une langue vers l’autre ».

En ces temps géopolitiquement troublés, il est important de valoriser la traduction. Car la traduction ouvre les horizons géographiques et culturels, elle relie les humains aux ancrages si différents, elle honore des figures universelles de la pensée et de la littérature. La traduction enrichit la polyphonie du monde.

 

Le Colmarien Maurice Betz (1898-1946, photo ci-dessus), écrivain et traducteur (de Rainer Maria Rilke, Thomas Mann, Friedrich Nietzsche), passeur entre les langues française et allemande en des périodes pourtant conflictuelles, est un symbole précieux pour notre région. Alors que le Goethe Institut a décidé de fermer son antenne strasbourgeoise, nous avons à veiller à l’ouverture rhénane et européenne de l’Alsace.

Le Prix Maurice-Betz de l’Académie d’Alsace existe depuis 1957 et a distingué des dizaines d’écrivains, poètes, traducteurs. Au-delà des remises de diplômes et des moments de convivialité qui les accompagnent, c’est un travail en profondeur qui s’accomplit, dans le meilleur des traditions humanistes d’ouverture et de rayonnement.

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 

Invitation à l’Agora du 19 novembre 2019

 

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