Bâle 29 janvier 2012
Introduction à la séance par Mme Christiane Roederer, président
Mesdames et Messieurs
Chères consoeurs, chers confrères,
Ce matin est exceptionnel pour l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Alsace parce qu’elle a franchi une nouvelle étape dans son désir d’ouverture vers « l’ailleurs » et de partage
des Savoirs.
Nous avons au sein de notre comité des femmes et des hommes d’exception, notre confrère Gérard Leser en particulier, conscients de leur responsabilité en tant que représentants non seulement de
l’Alsace mais aussi de la Conférence nationale des Académies placée sous l’égide de l’Institut de France.
M. Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut n’a pas manqué de l’affirmer lors de son message annuel aux 31 Académies des Régions : « L’Institut vous dit l’admiration et le respect que
nous avons pour la manière dont vous vous acquittez de votre mission, notre satisfaction de pouvoir vous apporter notre concours et notre amitié pour vous qui êtes nos confrères ».
Forte de ce soutien, notre Compagnie est particulièrement honorée d’être reçue ici à Bâle, capitale culturelle de la Suisse.
Il me revient d’exprimer la profonde gratitude de notre Compagnie à :
M. le Dr Guy Morin, président du gouvernement du canton de Bâle, à M. Gilbert Pfndler, consul honoraire de France
À l’association culturelle des Amis de l’Alsace/Bâle pour le soutien financier qu’ils ont bien voulu accorder à notre Compagnie.
À ces remerciements s’ajoute la vive reconnaissance à l’égard de M. Jürg Burkhardt, président honoraire de l’Association culturelle des amis de l’Alsace/Bâle et à M. Hans Jörg Renk sans l’engagement
desquels cette rencontre n’aurait pu voir le jour. Ils furent nos bons génies auxquels j’associe notre vice-président Gérard Leser, passionnément attaché au rayonnement de notre Académie.
Nous regrettons de ne pouvoir saluer de vive voix, le Dr. Beat Münch, vice-recteur de l’Université de Bâle à qui nous adressons de vifs remerciements pour son soutien moral.
C’est avec plaisir et intérêt que nous écouterons les interventions du Dr. Hans Jörg Renk, historien, rédacteur de l’Elsass-Gazette : « Bâle et l’Alsace, l’Alsace et Bâle, une histoire
entretissée »
Mme Véronique Bittner, représentant la Regio Basiliensis : « Bâle, une agglomération commune ou un puzzle trinational »
Le Dr. Beat Trachsler : « Johann Peter Hebel und das Elsass ».
Hier möchte ich betönen wie Gerührt und voller Bewunderung wir sind vor Ihre Beherrschung der französische Sprache.
Les efforts faits en Alsace pour l’apprentissage de la langue des voisins et la conservation des langues régionales, sont encouragés depuis la dernière rentrée scolaire dans les cantons de Bâle, Soleure, Berne, Fribourg et le Valais par l’instauration de l’apprentissage du français dans les classes des écoles primaires. Ces connaissances croisées ne peuvent que renforcer les liens culturels et économiques entre ces régions situées sur la frontière linguistique.
Pour mémoire, je tiens à rappeler que les liens entre l’Alsace et la personnalité de Johann Peter Hebel, fondateur de la poésie dialectale alémanique, et notre Académie sont particulièrement
forts. En effet, le Hebelpreis créé en 1936 par le Land du Bade-Wurtemberg attribue tous les deux ans un prix dédié aux écrivains, traducteurs, essayistes qui s’expriment dans leur « Heimet
Sproch » ou dans la langue de Goethe.
Plusieurs de nos confrères, ardents défenseurs de leur « langue de plaisir » furent honorés par ce prix prestigieux : Albert Schweitzer (1951), Claude Vigée (1984), Adrien Finck
(1992). À cette liste s’ajoutent deux autres alsaciens : André Weckmann (1976) et Emma Guntz (2000).
Notre confrère, le Professeur Raymond Matzen, chantre infatigable de la triphonie, a traduit en français en 2010, à l’occasion du 250e anniversaire de la naissance de Hebel, un très bel ouvrage édité
par Morstadt Verlag : « Pour les amis de la nature et des mœurs rurales ».
Les relations entre l’Association « Heimetsproch un Tradition » avec l’Association Elsass-Freunde Basel ne sont plus à souligner tant elles sont inscrites dans le temps et c’est à cette
dernière, à Jürg Burkhardt en particulier, que nous devons d’être reçus aujourd’hui de manière si amicale et si fastueuse.
Bâle, capitale culturelle de la Suisse, riche de ses 40 musées de renommée internationale, riche de la notoriété de son Université, est certainement une ville exemplaire.
Bâle, ville épiscopale depuis 740, ville du Concile qui s’est tenu dans ses murs entre 1431 et 1449, époque à laquelle elle devint un centre spirituel et le cœur du monde chrétien. Elle attira les
Humanistes tel Erasme et fut qualifiée de ville humaniste, un mot exigeant repris par notre Compagnie.
En conséquence de quoi, Bâle fut aussi le centre de l’imprimerie et du papier.
Pour nous les écrivains qui « consommons » beaucoup de papier… la visite du musée est un véritable enchantement. Il est ce que nous aurions aimé créer à Strasbourg, ville de Gutenberg… un
souhait poursuivi depuis plus de vingt ans par l’association « Espace européen Gutenberg » soucieuse de mettre en scène un matériel et un savoir-faire exceptionnels. Il arrive que les rêves
deviennent réalité à force de persévérance…
Sans empiéter sur les conférenciers, nous pouvons d’ores et déjà affirmer que Bâle et l’Alsace ont un destin croisé. Il appartient au Dr. Hans Jörg Renk de le souligner explicitement.
Bâle a consenti, de la manière la plus généreuse, à faire un premier pas. À nous, Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Alsace de faire le second. En accord avec mes consoeurs et mes confrères
académiciens, je souhaite que notre rencontre de ce jour ne soit pas un épiphénomène. Qu’elle soit au contraire la pierre angulaire d’une belle et pérenne construction ; que l’Association des
Amis de l’Alsace de Bâle par l’entremise de son président honoraire Jürg Burkardt soit notre invitée d’honneur à nos manifestations et qu’elle puisse partager avec nous, notre patrimoine linguistique
et culturel.
« Nous aurons le destin que nous aurons mérité »… le mot de la fin appartient à Albert Einstein tant il arrive qu’un grand scientifique soit aussi – et peut-être forcément – un
philosophe.