Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts
    Académie d’Alsace   des Sciences, Lettres et Arts  

In memoriam

 

L'Académie d'Alsace, sciences, lettres et arts déplore la disparition de certains de ses membres.

 

 

JOELLE HAEUSSER décédée le 20 août à l’âge de 74 ans, était enseignante de français, fortement engagée dans le mouvement des universités populaires, ancienne adjointe au maire de Strasbourg et, avec son mari Jean-Richard Haeusser, lui aussi membre de l’Académie d’Alsace, créatrice de la Nef des Jouets à Soultz.

 

 

GEORGES KARLESKIND, décédé le 16 août à l’âge de 86 ans, était peintre et dessinateur. Ses œuvres ont fait l’objet de multiples expositions et figurent dans nombre de collections. Résidant à Soultz, une de ses toiles grand format décore la salle des mariages de la mairie de cette cité.

 

 

MARCHEL THOMANN

Il fut un respecté professeur d’histoire du droit, un très dynamique président de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie : Marcel Thomann, membre de l’Académie d’Alsace depuis 1989, membre de notre comité d’honneur depuis l’année passée, est décédé le 29 mai à l’âge de 95 ans.

Ce fut - avec notamment Francis Rapp, décédé en mars - un des grands artisans du renouveau de la recherche et de la promotion de l’histoire dans la région.

ERNEST MEICHLER

Notre confrère l’artiste peintre Ernest Meichler est décédé le 1er avril à Mulhouse. Né en 1932, membre de l’Académie d’Alsace depuis 2003, il restituait les paysages alsaciens de sa palette puissante et expressive. Il était également lithographe et poète. Dans un poème de 1998, il écrivait : « Un jour je partirai vers de lointains rivages / Là où l’on n’emporte que ce que l’on a donné ».

 

 

 

FRANCIS RAPP

Une des grandes figures alsaciennes vient de disparaître : le professeur Francis Rapp, emporté ce dimanche par la funeste épidémie à l’âge de 93 ans.

Il était membre de l’Académie d’Alsace depuis 1960 et faisait partie de notre comité d’honneur.

Cet historien médiéviste à la carrière riche et brillante a occupé des fonctions importantes, tant à l’Université de Strasbourg que dans des institutions prestigieuses : membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres, CNRS, Ecole des Chartes, honoris causa de nombreuses universités dans le monde, etc.

Spécialiste du Saint-Empire romain germanique et de l’histoire religieuse, auteur de nombreux ouvrages, il est à l’origine de multiples vocations d’historiens dans la région. L’Académie d’Alsace perd un membre fidèle. Dans le dernier numéro des Annales de l’Académie d’Alsace, paru ce mois, figure ce qui sera sans doute le dernier texte publié de son vivant, un court éloge de « l’esthétique dans la réflexion ». Ce fut la ligne de vie de ce grand travailleur, à l’esprit brillant et d’une rare hauteur d’âme.

 

 

EMILE ROEGEL est décédé le 6 mai 2019, à l'âge de 93 ans.

Il a été professeur à la faculté de médecine de Strasbourg, médecin-chef de pneumologie aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg et à l’hôpital Pasteur de Colmar. Jusqu’à ses derniers mois, il s’est investi dans la transmission de la mémoire des anciens du camp soviétique de Tambov, après son incorporation de force, à l’âge de 17 ans, dans la Wehrmacht. Son humanité, sa sensibilité empreinte d’une ironie toute philosophique, en faisaient un représentant précieux de l’expérience douloureuse des Malgré-Nous, notamment auprès des jeunes générations.

CHRISTIAN WILSDORF  (1926-2019)

 

Christian Wilsdorf, qui vient de nous quitter, était le plus ancien membre de l’Académie d’Alsace. C’est en 1959 qu’il rejoignit cette institution régionale.

Il avait été, de 1951 à 1992, le très apprécié et savant directeur des Archives du Haut-Rhin. Grâce à lui, ces dernières purent aménager dans des nouveaux locaux, au sein de la Cité administrative  de Colmar, et devinrent une institution phare au service du patrimoine historique départemental.

Cet enfant de Ribeauvillé fut, de 1983 à 1996, le délégué scientifique du président du Conseil général. Il a contribué, de façon déterminante, au sauvetage à la mise en valeur du château du Hohlandsbourg et à la restauration de l’église Saint-Matthieu de Colmar. Que serait aujourd’hui le centre historique de la capitale haut-rhinoise sans sa vigilance ou le château de Saint-Ulrich qui domine sa ville natale ?

Ce médiéviste rare avait fait de la période antérieure au XIIIe siècle son jardin de prédilection. Il était notre meilleur spécialiste de la période mérovingienne et carolingienne. Chartiste brillant, il avait consacré sa thèse aux comtes de Ferrette. Nous lui devons également la création de la commission départementale d’héraldique qui, à partir de 1960, attribua ou confirma les armoiries de chaque commune du Haut-Rhin.  

Sait-on qu’il fut, de 1951 à 1955, chargé de la mission de rassembler et d’organiser les archives des Hauts Commissariats de la République française en Allemagne et en Autriche qu’il rapatria à Colmar ? C’est sur sa proposition que la Haute Commission alliée d’occupation en Allemagne  confia en dépôt à la France les archives franco-anglo-américaines. Installées d’abord à Metz, elles furent transférées à Colmar aux Archives de l’occupation créées par le Ministère des Affaires étrangères en 1956.

Tous ceux qui l’ont fréquenté gardent le souvenir d’un homme charmant et plein d’humour, aussi lettré que parfait humaniste, attaché à sa petite patrie et à l’écoute permanente tant des chercheurs que des sociétés d’histoire de la région dont il fut très proche.


Gabriel Braeuner

L'Edito

Traduire, c'est relier

 

Le Prix Maurice-Betz 2023 de traduction a été remis samedi 7 octobre à Colmar à Antonin Bechler, professeur de langue et littérature japonaises à l’Université de Strasbourg, traducteur du grand écrivain Kenzaburô Ôé, Prix Nobel de littérature en 1994.

 

Le Maire de Colmar, parrain et partenaire de la cérémonie, et le Consul général du Japon étaient présents. La manifestation prenait place dans le cadre du festival régional de traduction «D’une langue vers l’autre ».

En ces temps géopolitiquement troublés, il est important de valoriser la traduction. Car la traduction ouvre les horizons géographiques et culturels, elle relie les humains aux ancrages si différents, elle honore des figures universelles de la pensée et de la littérature. La traduction enrichit la polyphonie du monde.

 

Le Colmarien Maurice Betz (1898-1946, photo ci-dessus), écrivain et traducteur (de Rainer Maria Rilke, Thomas Mann, Friedrich Nietzsche), passeur entre les langues française et allemande en des périodes pourtant conflictuelles, est un symbole précieux pour notre région. Alors que le Goethe Institut a décidé de fermer son antenne strasbourgeoise, nous avons à veiller à l’ouverture rhénane et européenne de l’Alsace.

Le Prix Maurice-Betz de l’Académie d’Alsace existe depuis 1957 et a distingué des dizaines d’écrivains, poètes, traducteurs. Au-delà des remises de diplômes et des moments de convivialité qui les accompagnent, c’est un travail en profondeur qui s’accomplit, dans le meilleur des traditions humanistes d’ouverture et de rayonnement.

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 

Invitation à l’Agora du 19 novembre 2019

 

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