Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts
    Académie d’Alsace   des Sciences, Lettres et Arts  

Présentation de Robert Grossmann par Gabriel Braeuner

25 juin 2017 - Turckheim Trois Epis

 

 

 

C’est un homme libre qui se présente à notre Académie aujourd’hui. Une liberté qu’il a tenté d’incarner tout au long d’une longue carrière politique à forte dimension culturelle et littéraire, ce qui, convenons-en, est assez rare dans notre pays et dans notre région.

 

C'est par la littérature que Robert Grossmann entre en politique, c’est elle qui fonde sa vocation. C’est un écrivain contemporain, et pas n’importe lequel, André Malraux, qui le met sur le chemin. La Condition humaine, publiée en 1933, qu’il découvre à l’aube des années soixante en Fac des lettres de Strasbourg, est une révélation. Ce livre-clef, couronné du Goncourt à sa parution, influence déjà une partie de la jeunesse française à la veille de la guerre et continue de fasciner. Roman-reportage à l’écriture nerveuse, incisive et moderne, au découpage quasi cinématographique, son contenu à de quoi séduire par les thèmes abordés : ceux de la fraternité, de la mort choisie, de l’organisation de la Révolution, du rôle de l’intellectuel, du pouvoir de l’art. Nous sommes à Shanghaï en 1927 au moment où une insurrection communiste va être matée par le général Chang Kaï Shek. Les thèmes malruciens se mettent déjà en place qui font de l’engagement une nécessité, du courage un impératif, de l’art un anti-destin et de la fraternité la seule réponse qui vaille face à l’absence ou aux défaillances de Dieu. 

 

L’oeuvre de Malraux vous est familière, son destin aussi, publiquement légendaire et personnellement tragique, rythmé par trois passions l’art, la liberté et de Gaulle et la France. Celle de Robert Grossmann s’inscrit dans la même matrice, dans cette même triple passion à laquelle vous ajouterez l’Alsace. L'homme politique n’a cessé d’écrire, l’homme d’appareil n’a cessé d’élargir les frontières par un engagement culturel constant, l’Alsacien, qu’il est passionnément, n’a cessé d’interroger son identité. Ses trois premiers ouvrages, tous parus à la Nuée bleue, contiennent déjà tous ceux qui suivront. Prenez le temps de les lire ou relire :  La comtesse de Pourtalès : une cour française dans l’Alsace impériale 1836-1870-1914 (1995); Le choix de Malraux, l’Alsace une seconde patrie (1997), Main basse sur ma langue (1999).

 

Ajoutez-y le petit dernier, Malraux tel que je l’ai connu, en 2016, écrit pour les 40 ans de la mort du grand écrivain, « le plus noble aventurier de ce siècle »comme l’avait appelé son ami Alsacien, le chanoine Bockel. En 70 pages à peine, Robert Grossmann fait parler son coeur et nous invite à redécouvrir Malraux tel qu’il a découvert, rencontré et fréquenté à jamais intemporel et pourtant tellement lié à l’histoire de l’Alsace par, entre autres, ses amitiés, sa vie intime, Les noyers de l’Altenburg à relire d’urgence, et la Brigade Alsace-Lorraine, où il fut le colonel Berger. Il dit aussi toute sa dette et reconnaissance à l’ancien ministre de la culture du général de Gaulle qui avait assigné à son ministère la mission de «  rendre accessible au plus grand nombre les oeuvres capitales de l’humanité et favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent ».

 

Robert Grossmann dans ses responsabilités politiques à la Région Alsace, à la Ville et à la Communauté urbaine de Strasbourg a tenté de mettre en oeuvre « une politique culturelle forte, visible et partagée »  où la culture comme chez Malraux était au coeur de l’action  publique. Et il a réussi. J’en suis, pour avoir été durant ces années Directeur des Affaires culturelles de Colmar, le fidèle, amical et souvent complice témoin. A la mise en valeur d’un patrimoine qui pèse d’un poids tout particulier en Alsace, il a ajouté le soutien à la création tant dans le spectacle vivant que dans les arts plastiques démontrant qu’on pouvait être l’héritier vigilant d’un riche passé et le serviteur d’une créativité riche et foisonnante qui un jour, elle aussi, s’inscrira dans notre patrimoine culturel. Pouvait-on rêver d’un meilleur candidat pour notre Académie des Sciences, des Lettres et des Arts, lui qui toute sa vie en a personnifié, par son engagement, ses valeurs ? Il était temps qu’il nous rejoigne.

 

L'Edito

Cuvée de rêve

Ce fut pétillant comme un crémant, puissant comme un gewurz et énergisant comme un riesling : le colloque académique interrégional que nous avons organisé le 1er juin à Colmar sur le thème « Quelles vignes et quels vins demain ? » a fait se déplacer nos cinq académies sœurs de l’Est (Reims, Dijon, Besançon, Metz et Nancy).

De passionnantes communications ont donné à saisir que, au-delà des inquiétudes sur le monde vinicole (dérèglement climatique, maladies de la vigne, baisse de la consommation), de formidables adaptations se font jour, qui donnent confiance en l’avenir.

L’Académie d’Alsace s’est associée à l’Académie d’agriculture de France, qui organisait la veille une journée de communications scientifiques sur le même thème. Marion Guillou, présidente de l’Académie d’agriculture de France, et Jean-Robert Pitte, président d’honneur de la Conférence nationale des académies, ont livré au public un passionnant dialogue, ouvrant de belles perspectives. Le soutien de la Ville de Colmar, de la Collectivité européenne d’Alsace et du Crédit Mutuel a permis à nos invités venus de tout l’Est de profiter d’un séjour aussi qualitatif que passionnant et convivial.

L’Académie d’Alsace a ainsi conforté sa place unique et précieuse dans le paysage régional : un espace de compétences pluridisciplinaires, de libre débat, d’ouverture.

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 

Invitation à l’Agora du 19 novembre 2019

 

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