Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts
    Académie d’Alsace   des Sciences, Lettres et Arts  

Annales 2019

 

Éditorial

 

 

Être de son temps et savoir d’où l’on vient

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 


« À quoi sert donc l’Académie d’Alsace ? » Cette question est souvent posée à nos membres. Une curiosité nourrie d’ignorance teinte l’interrogation. En effet, quelle peut bien être, en ce xxie siècle ouvert à tous les vents, traversé de puissantes interrogations, la fonction d’une institution coiffée du noble et ambigu terme d’académie ?
Un mot, une formule, une évidence en guise de réponse : « Notre Académie sert l’Alsace. »


Voilà à quoi nous servons ! Oui, depuis 1952, la fonction de l’Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts s’inscrit dans cette notion de service, avec une succession harmonieuse de styles et de présences au monde qui reflètent l’évolution de la région. Servir la région, c’est-à-dire réunir des personnes qui, par leurs actions et leur rayonnement, dans un esprit résolument transdisciplinaire, illustrent un attachement désintéressé et vigilant au bien commun régional.


Une Académie n’est pas une institution publique ou un corps constitué, ni une association de militants réunis autour d’une cause, ni un club-service ou une amicale. C’est le signe vivant, et un peu mystérieux, que l’esprit du lieu, le génie propre d’une terre, peuvent s’incarner dans une rencontre de femmes et d’hommes qui savent conjuguer leurs complémentarités.


L’intuition de nos pères fondateurs était généreuse et visionnaire, en modelant une compagnie régionale à partir des traces des anciennes académies locales que les chocs de l’histoire avaient éteintes. S’assumer fièrement alsacien et français, tout en affirmant prophétiquement l’impérieuse nécessité d’une construction européenne, d’une ouverture vers l’espace rhénan, vivre sans complexe cette identité tridimensionnelle, levier d’une renaissance collective, d’un nouvel humanisme porteur de sens : tout cela n’allait pas de soi dans les années 1950. Et reste d’actualité tant les repères anciens sont aujourd’hui brouillés. Car qui saurait répondre avec pertinence à ces questions : « Qu’est-ce que l’Alsace aujourd’hui ? » ; « Qu’est-ce qu’être alsacien ? ».


Eh bien voilà le chantier thématique que l’Académie d’Alsace ouvre en 2019, sous forme d’Agoras nomades, donnant la parole à ceux – pas forcément connus – qui contribuent à façonner l’Alsace du xxie siècle. Dans un corps social qui a tendance à cloisonner les milieux et les personnes, l’Académie d’Alsace a la légitimité et l’indépendance pour créer des passerelles et définir un espace commun. Membre de la Conférence nationale des Académies (qu’elle préside pendant deux ans), affiliée à l’Institut de France, elle n’entend pas s’enfermer dans un entre-soi régional souvent synonyme, en Alsace particulièrement, de frustrations et de ressassements, mais s’ouvrir à son environnement national et européen.
L’Alsace est féconde et rayonnante lorsque son destin singulier épouse de vastes défis et se connecte aux grands horizons.

 

Matthieu Arnold évoque Albert Schweitzer dans la magnifique salle de la Décapole de l’hôtel de ville de Munster. Photo Gilles Winckler.

L'Edito

Saison nouvelle

 

L’assemblée générale de l’Académie d’Alsace, magnifiquement accueillie en la salle de la Décapole de l’hôtel de ville de Munster (merci au maire, Pierre Dischinger) samedi 6 septembre, a donné le ton d’une saison nouvelle qui s’annonce riche.

Remise du Prix de la Décapole, qui couronne chaque année une publication historique de qualité, au collectif d’auteurs qui a rédigé l’ouvrage  La Coop d’Alsace, histoire et héritage d’une utopie. La prestation des lauréats fut passionnante : la Coopé, c’est (ce fut) l’Alsace !

Brillante conférence de Matthieu Arnold, professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, sur Albert Schweitzer, pour le 150e anniversaire de sa naissance, et après la publication de sa biographie (Ed. Fayard) qui renouvelle les regards sur le docteur-théologien-philosophe-musicien qui a fait du « respect de la vie » la ligne de conduite de tous ses engagements. La conférence a été complétée par le témoignage de Francis Guthleben, coordinateur de la publication Mon Albert Schweitzer, qui réunit des dizaines de témoignages sur le plus célèbre des Alsaciens et connaît une diffusion tous azimuts et tous supports (vidéos, interventions scolaires).

La parution des Actes du colloque « Quelles vignes et quels vins demain ? » organisé en 2024 à Colmar par notre académie avec les cinq autres académies de l’Est (Dijon, Reims, Besançon, Nancy et Metz) a été saluée, témoignage de notre contribution éclairée aux débats qui parcourent la profession et, plus largement, le grand public. Illustration de notre « utilité sociale » au service de la région.

Quant à l’assemblée générale elle-même, menée avec rigueur et concision, elle a notamment vu l’intronisation de cinq nouvelles et nouveaux membres. Fidèle à sa vocation, régionale, transdisciplinaire et multigénérationnelle, l’Académie d’Alsace des sciences, lettres et arts ouvre une saison active. A suivre…

 

 

Bernard Reumaux
Président de l’Académie d’Alsace

 

Invitation à l’Agora du 19 novembre 2019

 

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